Martial Solal : Live in Ottobrunn
Cinquante jours avant ce qui allait devenir son dernier concert à Gaveau, Martial Solal est invité au « 5th Klavier Festival » à Ottobrunn pour une prestation en solo traditionnelle pour lui, sans pour autant qu’écouter Martial Solal ne devienne une habitude. Le double cd reprend l’intégrale de celui-ci et, sans réelle surprise, une grande partie du concert parisien. Est-ce à dire que le pianiste n’a plus rien à dire ? Sûrement pas ! Ecouter les deux enregistrements à la suite fait comprendre combien Solal est un géant du piano. Le medley Ellington en est un parfait exemple : en véritable tisserand, Martial Solal parcourt la trame et la chaîne de « Caravan », « Sophisticated Lady » et « Satin Doll », nous surprenant à chaque instant, sautant d’un thème à l’autre avec élégance, superbe ! « Brother Jack », « Frère Jacques », Martial Solal nous racontait lors d’un entretien l’avoir introduit récemment dans son répertoire lors d’un concert en Allemagne : la chanson enfantine est depuis devenue un standard de son répertoire, ici en version courte. Le pianiste déconstruit « Lover Man » en alternance avec la reprise mélodique du magnifique thème de Davis / Ramirez puis clôture un premier set de près de cinquante minutes avec un « Cherokee » qui démarre tout en tendresse avant un tempo medium peu courant pour ce qui était une pièce endiablée pour les boppers. Vous découvrirez par vous-même le deuxième set de l’avant-dernier concert du maître. C’est virtuose, subtil, surprenant, élégant, mêlant tradition et modernité, un régal pour les amateurs de piano. Et dire qu’il ne joue plus aujourd’hui rend d’autant plus indispensable les dernières prestations munichoise et parisienne de Solal.