Tuur Florizoone au Jacques Pelzer Jazz Club (Liège, 18/11/22)

Tuur Florizoone au Jacques Pelzer Jazz Club (Liège, 18/11/22)

Tuur Florizoone © Robert Hansenne

Tuur Florizoone © Robert Hansenne

Vous connaissiez certainement Tuur Florizoone en tant qu’accordéoniste, mais l’avez-vous déjà entendu jouant du piano ? Tuur revient toujours à ses premières amours lorsqu’il compose un titre, mais il ne se dévoile que très rarement en public sur l’instrument aux 88 touches blanches et noires. Ce 18 novembre dernier au Jacques Pelzer Jazz Club, les conditions étaient visiblement réunies pour ce genre d’exercice et cette nouvelle session Jazz & More s’est ouverte sur un jeu délicat de piano, pour une demi-heure empreinte de nostalgie et de douceur.

Un climat ouaté et mélancolique fut d’emblée créé par « Kwa Heri » (adieu en swahili). Un titre, comme l’expliquera le pianiste, qu’il composa pour le cinquantième anniversaire de la décolonisation du Congo, rendant hommage à ces personnes nées d’un métissage belgo-congolais et rejetées par les uns comme n’étant pas suffisamment noires et par les autres comme n’étant pas suffisamment blanches. Ces femmes et ces hommes furent enlevés à leurs familles qu’ils ne connaîtront jamais, pour ensuite être rapatriés en Belgique et n’avoir encore aujourd’hui le droit à aucun statut légal !

Tuur est un musicien qui aspire à la perfection, un travail colossal sur le son, certainement. Une prestance scénique, évidemment. Un toucher et une complicité avec l’instrument, naturellement. Sa musique coule de source, belle et d’une pureté absolue. Les titres s’enchainent, sans pause aucune et selon l’inspiration du moment, en un seul set, comme l’avait souhaité le protagoniste. Racontant de belles histoires cinématiques et intemporelles issues de son album solo intitulé « Night Shift » mais pas que… Comme le morceau « Laura », composé pour ses « Balades éphémères » avec Marine Horbaczewki et Michel Massot. « Oakland » du dernier album de Tricycle ou encore « Contamines Montjoie » que l’on retrouvait sur l’album en duo avec Didier Laloy.

Tuur Florizoone © Robert Hansenne

Tuur Florizoone a excellé comme à son habitude, en manifestant son amour à son fidèle compagnon de 24 années de route et à sa musique. Entre moments subtils et d’autres plus virtuoses, le public s’est mis à l’écoute, avec ce silence respectueux qui laisse place au moindre souffle du soufflet de l’accordéon, au chuchotement de la note la plus discrète et au toucher percussif des doigts parcourant le boitier de l’instrument.

Tuur Florizoone fait partie de ces musiciens qui inventent et réinventent la musique, lui insufflant ces quelques notes bleues si chères au jazz. Merci Tuur pour cette soirée de toute beauté où le temps semblait suspendu !

Jazz & More,
une activité de La Maison du jazz.

Tuur Florizoone
Night Shift
Aventura musica

Chronique JazzMania

Olivier Sauveur (Maison du jazz)