Moderat à l’AB (Bruxelles, 25/10/22)

Moderat à l’AB (Bruxelles, 25/10/22)

Mi-mai, le trio de Moderat sort son 4ème album. Quatrième fois donc que les Berlinois nous gratifient de ce qui se fait de mieux en matière d’IDM.

Moderat © Quentin Perot

Au risque de me faire jeter des cailloux par toute une partie de la rédaction, je n’ai pas trouvé mon compte dans ce dernier album. Autant la marque de fabrique est toujours là, cette signature sonore si propre à l’union parfaite entre Modselektor et Aparat, autant je n’ai pas trouvé cette énergie qui a fait du groupe une telle icône dans le monde de la musique électronique. Je le trouve clairement en dessous des trois premiers. Voilà. C’est dit.

Mais alors, allez-vous me dire, pourquoi diable suis-je allé les voir en concert ? Parce qu’un concert, c’est plus que de la musique. Un concert, c’est sentir l’excitation monter en moi, et de tous ceux qui m’accompagnent dans la file. Un concert, c’est le plaisir de boire une bière avec des amis avant, pendant et après. Un concert, c’est la force de la musique décuplée par un show lumière. Un concert, c’est du son, c’est du temps, c’est de l’espace, c’est des saveurs, c’est une aventure. Et puis, un concert, c’est aussi l’occasion d’écouter la musique, d’habitude polie et parfaite dans le feutre des studios, sans chichis, sans fard, sans … non, je ne ferai pas ce jeu de mots trop facile.

Moderat © Quentin Perot

Et pour revenir à notre histoire, un concert de Moderat, c’est aussi la certitude que les morceaux les plus emblématiques de leur discographie feront vibrer les enceintes. Et ce fut le cas. Sur les 17 morceaux qu’ils jouèrent, 5 seulement furent tirés de « MORE D4TA ».

Leur prestation fut parfaite. Archi sold-out, ce concert était attendu de beaucoup. Après une annonce de pause à durée indéterminée, après une attente d’une durée de toute façons trop longue (c’est toujours comme ça quand on ne sait pas), l’annonce d’un retour, courant 2021 avec des dates à Berlin dans la foulée, les fans de la première heure étaient sur les starting blocs.

L’Ancienne Belgique est loin d’être une salle immense, et c’est très bien ainsi. Ça permet à justement à la fièvre de monter, de grimper par-dessus les balcons pour contaminer le public qui s’y était réfugié. C’est une foule en délire qui accompagnait le groupe dans sa transe.

Musicalement, on retrouvait le Moderat qui s’est égaré le temps d’enregistrer son dernier album. Et c’est peut-être bien en ça, finalement, qu’il n’est pas si mauvais, ce dernier album. S’ils peuvent manquer de souffle dans mon salon, une fois dans l’élan d’un concert, les nouveaux morceaux fonctionnent tout aussi bien que les autres. Ils apportent même sans doute un relief et un contraste supplémentaire aux morceaux plus anciens, une fois joués dans une même setlist.

Seul bémol de la soirée, un set visiblement très (trop) préparé, ne laissant que peu de place à la spontanéité et à l’improvisation. La complexité des compositions du groupe les contraignant à user de patterns pré-construites et de pas mal d’autres automatisations, le novice peut y voir une forme de facilité et les voir atteints du « syndrome de la clef USB ».

Hormis cette subtilité plus visuelle que musicale, le pari est donc gagné, et Moderat semble ne pas avoir perdu de la grandeur en live qu’on m’avait tant vantée !

En partenariat avec
The Deadbeat Club

Moderat
More D4ta
Monkeytown Records / N.E.W.S.

Chronique JazzMania

Quentin Perot