Thomas Naïm : On the Far Side
Rootless Blues / L’autre distribution
Venu du rock et après s’être frotté à différents styles musicaux, notamment en accompagnant des artistes de divers horizons, le guitariste Thomas Naïm mène depuis plusieurs années une carrière solo à la tête d’un trio avec le bassiste Marcello Giuliani et le batteur Raphaël Chassin. Augmenté à l’occasion de musiciens invités, ce trio a déjà enregistré deux albums remarqués : « Desert Highway » en 2018, qui propose des thèmes avec une dimension cinématographique célébrant les grands espaces désertiques dans l’esprit des bandes originales de Ry Cooder, et « Sounds of Jimi » en 2022, dédié aux compositions de Jimi Hendrix revisitées d’une manière très personnelle. Ce nouvel album, « On the Far Side », maintient le cap d’une musique propre à faire naître des images et les histoires qui vont avec. Le trio des deux opus précédents a été augmenté de l’organiste / pianiste Marc Benham tandis que le saxophoniste Laurent Bardainne a été convié à collaborer à 3 titres sur les 9 du répertoire. Le voyage commence par un « Endless Memories » en demi-teintes. On y décèle une part de mystère, comme dans la musique d’Angelo Badalamenti qui a accompagné les films de David Lynch. « Slow Blues » confirme cette impression : suspendue entre rêve et réalité, cette musique instrumentale un peu jazzy suggère un univers immobile où il se passe constamment quelque chose derrière le coin, mais dont on se saura jamais rien. Le ténor de Laurent Bardainne colore les très belles compositions « Kite » et « Lincoln Circus » en renforçant leur atmosphère nimbée de nostalgie. Trafiquée par une bonne dose de réverbération, la guitare du leader vibre dans l’air sur « Little Dreamer » tandis que Marc Benham, passé au piano acoustique, enlumine « The Walk » avec brio. Après un « Panama Red » plus enlevé et jazzy avec ses improvisations de guitare et d’orgue, l’album retrouve sa vitesse de croisière nonchalante avec « No Way Home » avant de se terminer sur un « Gypsy » en apesanteur.
Entre rock éthéré, blues mélancolique, jazz très cool et musique de film évocatrice, cet album stylé est un de ceux qu’on peut mettre dans le lecteur de son bolide avant de le lancer sur une autoroute quelconque vers le Sud et au-delà !