Helena Kay’s Kim Trio : Golden Sands
Après « Moon Palace », un remarquable premier album sorti en 2018, la saxophoniste écossaise Helena Kay, accompagnée par son KIM trio, en propose un second en forme de réflexion musicale inspirée par ses années formatives à New York et à Londres. Toutefois, son post-bop est surtout enraciné dans l’âge d’or du jazz acoustique britannique. La musique relaxante tangue et swingue, emmenée par un sax ténor volubile, lui-même emporté par une rythmique soudée dont les textures sont bien agencées et dont la sonorité d’ensemble est fort agréable. On s’en convaincra en écoutant « Amor Y Amargo » qui ouvre l’album : un morceau qui flatte l’oreille (la tonalité chaude du saxophone évoque parfois celle de Stan Getz) et qu’on appréciera comme si on était au Ronnie Scott’s, occupé à siroter un « single malt » raffiné et forcément écossais. Plusieurs fois récompensée, Helena Kay a composé les 8 titres de son album en camouflant son art de la mélodie sous une complexité non apparente. Sans être flamboyante, sa musique méticuleusement ajustée n’en est pas moins inspirée. Par rapport à « Moon Palace » enregistré en trio sans instrument harmonique, « Golden Sands » bénéficie cette fois de l’apport du pianiste Peter Johnstone qui, tout en s’octroyant quelques beaux solos, apporte des couleurs et rend indéniablement la musique plus fluide. Les titres se réfèrent à des moments vécus dans des endroits particuliers. Ainsi, si l’Ecosse n’est pas oubliée avec « Golden Sands » et « Da Dratsie », le morceau plus expérimental « Tuesday Club » rappelle l’époque où la leader fréquentait le Village Vanguard à New York, tandis que « Xian Impressions », contrairement à ce que son titre laisse entendre, renvoie plutôt à un restaurant londonien de Highbury. On épinglera enfin une courte pièce nostalgique (« Carla ») écrite en hommage à la grande Carla Bley ainsi que la longue ballade bucolique « Towards the Sun ».
Transpirant la maturité ainsi qu’une certaine sérénité, « Golden Sands » est un disque qui ravira les amateurs de quartets classiques, de post-bop inventif et de saxophonistes ténors aux belles sonorités (pensez à Chris Cheek ou à Dayna Stephens).