Schroothoop : Macadam
Il y a bien longtemps, une bonne quarantaine d’années, le groupe allemand Einstürzende Neubauten (toujours actif) se distinguait lors de concerts durant lesquels les musiciens utilisaient comme instruments des outils de chantier et du matériel qu’ils récupéraient dans des hangars et sur les sites industriels désaffectés. Tôles, barres à mine, marteaux, ferraille … Tout ce qui pouvait servir à faire des sons concrets et une musique expérimentale se trouvait dévié de son utilité originelle. Les membres du trio Schroothoop (un mot que l’on traduira par « dépotoir ») s’inscrivent dans la même philosophie en récupérant à même le « macadam » bruxellois (où ils sont établis) le matériel au départ duquel ils confectionnent leurs instruments. Mais ici, on s’éloigne fortement de la musique industrielle et bruitiste d’Einstürzende Neubauten. Un tube en PVC se transforme en flûte, une plaque de métal se mue en gong, du matériel de cuisine en percussions … À l’écoute de ce disque dont les mélodies s’inspirent des musiques afro-cubaines ou des rythmes de La Nouvelle-Orléans, rien ne transparaît. On entend des marimbas, un kit de batterie, le son chaud d’un shakuhachi… On entend une musique tribale, mélodieuse et magnifique.
Bien évidemment, avec le bien nommé « Macadam », le trio Schroothoop souhaite avant tout diffuser un message à notre attention et ouvrir un débat critique à l’égard de notre société de (sur)consommation. Et c’est sans doute sur scène que ce débat prendra le plus de hauteur. Schroothoop en est l’instigateur apprécié.
En concert le 17 mai à Gand (soirée du label Sdban) et le samedi 27 mai Place de la Bourse à Bruxelles (dans le cadre du Brussels Jazz Week-end).