Italia 90 : Living Human Treasure
Malgré leur nom géographiquement bizarre (une référence footballistique), ces quatre jeunes musiciens bien énervés nous viennent de la banlieue londonienne. Après quelques ep’s ils nous proposent un premier album vraiment passionnant avec une formule tout ce qu’il y a de plus basique, à savoir : guitare, basse, batterie et chant. Ils disent avoir voulu condenser les 50 dernières années de musique populaire en s’inspirant de la new wave, du rock gothique, du post-hardcore, du jazz, de la jungle. Et c’est vrai qu’en juxtaposant ces références, qu’en faisant du recyclage, ils sont parvenus à créer un univers musical vraiment captivant, à la seule condition d’être passionné, sensible aux sons triturés, aux rythmes hachurés, au rock bruyant et déjanté. Par-dessus, s’impose la voix singulière de Les Miserable ! Pour info, les autres se « nomment » Unusual Prices, J Dangerous et Bobby Portrait ! Leur album enregistré en deux jours, alors qu’ils avaient loué le studio pour cinq, ils ont profité de ce temps libre pour faire le tour du propriétaire et y découvrir d’autres instruments (tubular bells, mellotron…) qu’ils ont inclus pour bonifier un bout d’espace libre et diversifier leurs chansons. Elles commencent avec un étonnant « Cut », sorte de space psyche punk sur lequel Pink Floyd et The Cure entretiendraient un dialogue sombre. Par la suite, la machine s’emballe vers des plages plus proches d’Idles et The Fall. C’est une musique assez immédiate qui nous est déversée, j’ai succombé dès la première écoute ! La section rythmique se résume à une batterie qui cogne, tout en assumant par à coups une belle légèreté, de la fluidité ; la basse possède un gros son, bien lourd. Les éléments perturbateurs viennent de la guitare. Elle charge, brode, hachure, assure le noisy, le répétitif, l’hypnotique. Et par-dessus, la voix particulière du chanteur, dans un style qui évoque Mark E. Smith de The Fall, qui éructe, crie sa rage, ses convictions, les dégâts subis suite à certaines situations que nous n’avons pas voulues, encore moins décidées. Au milieu des onze brûlots, le groupe se calme sur « The MUMSNET Mambo », un titre qui pourrait se danser comme un « bon p’tit rock » peu cinglant, vintage ! Re Cure ensuite avec « Funny Bones » et l’intervention des cloches et du mellotron. Mais cette musique part dans tous les sens au point que « Tales From Beyond » pourrait figurer sur des plaques de The Street ou Sleaford Mods ! Le tout se termine avec « Harmony », sorte de condensé qui nous fait revivre presque tout l’univers du groupe. Le plat de résistance entre douceurs et furies ! Entre expérimentations et brutalité. Certain qu’on va reparler d’eux dans le carré des groupes radicaux.