3’Ain : Sea of Stories
La prononciation ? On devrait s’interroger. Prononcer à la flamande : « drie/een », façon score d’un match de foot. Ou half-om-half , « Drie Ain », un diminutif de « Adrien ». Rien de tout cela ! Puisqu’on apprend en lisant la biographie (écrite en néerlandais) qui accompagne le CD que ce patronyme 3’Ain s’inspire en fait de la dix-huitième lettre de l’alphabet arabe (un « 3 » inversé), un caractère particulier bien utile pour raccourcir les messages SMS… Arabe ? Oui, l’un des acteurs de ce trio, le trompettiste Yamen Martini, a quitté la Syrie pour la Belgique il y a un peu moins de dix ans. Chez nous, il a rencontré l’accordéoniste Piet Maris, bien connu pour son ouverture de cœur et d’esprit aux autres cultures. Le duo a parcouru un bout de chemin ensemble avant d’intégrer le contrebassiste Otto Kint à leur aventure musicale qui a alors pris son nom définitif 3’Ain. Trois ans après un premier EP de présentation, voici venir le premier véritable album du trio. On s’attendait – et c’est majoritairement le cas – à entendre une musique imprégnée de mélancolie, avec des accents orientaux. Notre monde ne tourne pas forcément rond, et comme le rappelait Naïssam Jalal il y a peu (cf. notre interview publiée le 17 mai), le drame syrien n’a pas pris fin lorsque la guerre a éclaté en Ukraine… On en a juste un peu moins parlé.
Avec ce « Sea of Stories » rédempteur, les danseurs se lamenteront aux sons d’un tango désolant et se trémousseront sur des valses tristes. Ça reste beau, ça reste un appel à l’aide, un message enfui dans une bouteille jetée au large d’Ostende, à destination improbable.
3’Ain en concert : De Centrale, Gand, le 6 juin.