Ensemble Al-Kindi & Sheikh Hamed Daoud : Transe soufie des derviches tourneurs de Damas

Ensemble Al-Kindi & Sheikh Hamed Daoud : Transe soufie des derviches tourneurs de Damas

Buda Music / Socadisc

En 1983, un musicien français, Julien Weiss, fonde un trio de musique arabe traditionnelle auquel il donne le nom d’Al-Kindi, en hommage au grand philosophe, mathématicien et théoricien de la musique, qui vécut au IXème siècle. Après avoir étudié la guitare classique, Julien découvre la musique arabe, le qanun, un instrument de la famille des cithares, au nombre impressionnant de cordes (de 63 à 85 selon le modèle). Il se convertit à l’islam artistique, tolérant, ouvert, dans une approche qui doit beaucoup au soufisme et qu’il symbolise en changeant son nom en Julien « Jalal Eddine » Weiss, en hommage au fondateur de la confrérie Mawlawi, célèbre pour les danses de ses derviches tourneurs. Il s’installe dès lors en Syrie. Dès 1989, il publie le premier album d’une liste conséquente, crée des ponts entre les cultures, ouvre son trio au chant, rend un hommage chrétien et musulman à Marie. Une magnifique trajectoire qui s’interrompt avec sa mort en 2015. Ses fidèles piliers de l’orchestre et la productrice historique du groupe n’ont pas désiré s’arrêter et une nouvelle formation est repartie pour une nouvelle vie.

Après 40 années d’existence, voici cette nouvelle formule dans un enregistrement en public, capté dans la région d’Avignon. L’ensemble est formé de quatre musiciens au riqq, ney, oud et qanun. Les chants soufis sont portés par Sheikh Hamed Daoud. Deux choristes et deux derviches tourneurs les accompagnent sur scène. Cette musique est qualifiée de « grande musique savante du monde arabe » et cet ensemble est un de ses meilleurs représentants, une référence du genre. Sa philosophie consiste à exacerber une idée positive de coexistence pacifique entre les peuples. Après un appel à la prière de quatre minutes, le groupe joue quatre suites instrumentales et vocales dans la tradition arabo-andalouse, ou dans les modes Hijaz, Huzan et Rast. De longues pièces (entre huit et quinze minutes) envoutantes, hypnotiques qui nous transportent de la méditation à la transe. Difficile de faire une réelle chronique de cet album, mes connaissances de cette musique « sacrée » sont trop infimes. Même si j’ai déjà assisté à ce genre de concert au Sfinks à Anvers, un dvd en complément aurait pu être bénéfique. Alors oui, j’ai apprécié cette musique, je l’ai écoutée comme un documentaire sonore, j’ai été dépaysé, transporté. Mais c’est à chacun de se forger une idée selon son degré d’envie de découverte, de curiosité. Une « critique » est difficilement pensable, des brèves informations, oui. Le livret inclus nous en communique beaucoup.

Claudy Jalet