Selwyn Birchwood : Exorcist
Alligator Records ‐ Références catalogue : ALCD 5012
Le futur du Blues ? En tout cas, c’est comme un bon vin, avec l’âge il bonifie encore, ainsi évolue Birchwood (chant, guitare, basse, lap steel gt), le showman surdoué de Floride qui arpente, pieds nus, les scènes du monde entier avec son « Electric Swamp Funkin’ Blues » depuis plus d’une décennie, avec un succès qui ne se dément pas, au contraire, il est de plus en plus populaire, à juste titre, et on attend une nouvelle tournée mondiale avec impatience. Après deux albums autoproduits et trois autres pour Alligator Records, tous couronnés de succès, voici son quatrième opus pour ce label, il s’y montre toujours très créatif tant au niveau des lyrics (et tous les textes sont dans les notes de pochette, parfois surréalistes, souvent humoristiques, toujours passionnants) que sur le plan musical, avec une intensité vocale peu commune et des envolées de guitare inspirées et spectaculaires. Ainsi dans « Done Cryin’ », un slow blues intense ou « Horns Below Her Halo », un autre slow blues « misogyne », mais avec un humour décapant (Satan might be a woman… called Lucif-her) ou le lancinant « Exorcist » avec lequel il veut exorciser sa Nemesis, une sorcière qui l’a pris dans sa toile. L’album est produit par le surdoué Tom Hambridge et Birchwood a composé les 13 titres. Il est accompagné par les fidèles Regi Oliver (saxophones) et Donald « Huff » Wright (basse) + Byron « Bizzy » Garner (drums), Ed Krout (keys) et un trio de choristes. Une fois de plus, c’est un album sans points faibles et chaque titre mérite des commentaires élogieux, on se contentera de mettre en exergue une sélection subjective comme les titres déjà cités ainsi que « Florida Man », une diatribe enflammée et le portrait peu flatteur d’un Floridien blanc de base, raciste (…Rebel Flag, Dirty South…), caractériel, limite psychopathe, c’est rentre-dedans et souligné par des accès fiévreux de lap steel guitar, illustrant une insanité endémique qui règnerait en Floride, selon lui, ou « Swim at Your Own Risk » hilarant et très évocateur au sujet des baignades à haut risque avec des alligators à l’affût. Ajoutons que l’humour devient de l’autodérision dans « Underdog » (…on ne m’apprécie pas, on me sous-estime…) avec passages survoltés de lap steel et encore avec le frénétique « My Own Worst Ennemy » ou l’ironique « Hopeless Romantic » et le bien enlevé « Call Me What You Want to », mais il y a aussi de l’optimisme dans « Plenty More to Be Grateful For » et de la joie dans un superbe « ILa View » jouissif avec piano et lap steel en délire (Love you like the church loves money…) (1). L’album se conclut avec « Show Tune », un instrumental vigoureux qui décoiffe.
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(1) il a dû écouter et paraphraser, entre autres, « Stealing in the Name of the Lord » de Benny Gordon et d’autres témoignages de la cupidité malhonnête de gens d’église….