Phillip Dornbuschs Projektor : Re|construct
Phillip Dornbusch est un jeune (29 ans) saxophoniste-clarinettiste berlinois. Il présente son deuxième album (le premier, « Reflex », est sorti en 2021) toujours accompagné de son groupe Projektor, composé de musiciens encore plus jeunes que lui, mais dont certains se sont déjà fait un nom sur la scène allemande : Johanna Summer (piano), Johannes Mann (guitare), Roger Kintopf (contrebasse) et le quasi-homonyme du leader (il y a un « l » de différence), le batteur Philip Dornbusch. Au départ de compositions (toutes de la plume de Phillip Dornbusch) qui laissent des portes ouvertes pour des improvisations (la pianiste, le guitariste et Dornbusch s’y engouffrent avec plaisir, justesse de ton et une créativité certaine), Projektor propose un jazz aux sonorités contemporaines qui va souvent dans une direction assez mainstream, avec cependant quelques touches free ou blues. Sur le titre « In Art We Trust », le rapper allemand JuJu Rogers y va d’un réquisitoire antiraciste : cette composition est très réussie et prouve que des rencontres jazz-rap peuvent donner des résultats étonnants (souvenons-nous du groupe « Greetings From Mercury »). Le racisme et la situation des étrangers sont une préoccupation de Phillip Dornbusch : dans le livret accompagnant le disque, il explique qu’il essaie avec cet album d’examiner de plus près le phénomène du racisme quotidien en Allemagne. Il termine son texte en citant Martin Luther King (à noter que sur son premier album, un titre était inspiré par l’histoire du navire Sea Watch, bloqué en mer avec des centaines de réfugiés à bord, bateau que l’Italie refusait de voir accoster sur son territoire). Voici un disque qui se laisse agréablement écouter, interprété par de jeunes musiciens qui ne peuvent que progresser encore. Leurs noms sont à retenir : on risque d’en reparler dans les prochaines années.