Randy Bernsen : Heart Mind and Soul
Basé en Floride, Randy Bernsen est un guitariste qui, à ses débuts, s’est montré passionné par la musique de Weather Report et non seulement il a su se rapprocher de leur univers, mais aussi des musiciens du groupe. Ainsi, son premier album sorti en 1984, « Music for People, Planets & Washing Machines », bénéficie de la participation de Jaco Pastorius et de Peter Erskine, tandis que pour son second, « Mo’ Wasabi » (1986), c’est à Wayne Shorter qu’il avait fait appel. Après ces deux premières productions, Randy Bernsen a volé sous mon radar personnel (la métaphore n’est pas gratuite : il est aussi pilote professionnel de jet), mais le revoici maintenant en pleine lumière avec ce « Heart Mind and Soul », son onzième album en studio qui remet mes pendules à l’heure. Le style a certes évolué, mais, comme on s’en convaincra à l’écoute de « Prodigal Son », Randy Bernsen n’a pas pour autant abandonné ni la fusion ni son amour pour Weather Report. Il possède, grâce à sa maîtrise des synthés, une sonorité originale en plus d’un réel talent de compositeur / orchestrateur : la mélodie est lovée dans un arrangement moderne et accrocheur qui conjugue avec bonheur acoustique et électronique. Le leader s’est en plus entouré sur ce titre de quelques pointures incluant Bob Franceschini (Mike Stern, Victor Wooten) au saxophone, Jimmy Haslip (Allan Holdsworth) à la basse ainsi que d’un trompettiste nommé Derek Sims qui, par l’utilisation d’une sourdine, apporte des couleurs davisiennes (période Tutu). « Shepherd’s Heart » (avec Bob Mintzer au saxophone) et « ABBA Father » séduisent par leurs mélodies simples mais enchanteresses ainsi que par un jeu de guitare fluide et jazzy, quasi « smooth » dans les chorus. Et puis, il y a « Billy Gate Blues » dans lequel Randy Bernsen s’est fait plaisir en adoptant un son « blues-rock » à la Stevie Ray Vaughan / Eric Clapton, tandis qu’en arrière-plan, l’orchestration cuivrée rappelle celle des grands disques de B.B. King enregistrés pour Bluesway dans les années 60.
Ce disque a beau avoir une durée de 33 minutes n’excédant pas celle d’un LP, c’est bien suffisant pour embrasser toutes les qualités d’un guitariste bien décidé aujourd’hui à faire connaître sa musique au monde entier (sur son site internet, Randy invite ses fans à prendre contact avec lui en échange d’envoi privé de musique, anecdotes, clips vidéo et interviews).