The Cry : The Cry

The Cry : The Cry

Gizeh Records

Nous avons rencontré Christine Ott et Mathieu Gabry à l’occasion de l’édition 2017 du Festival Voix de femmes, une soirée au cours de laquelle la musicienne alsacienne avait posé ses partitions sur les magnifiques images du cinéaste allemand Murnau. Le temps passe, mais depuis, nous nous revoyons ou nous nous écrivons régulièrement au rythme de leur actualité musicale, d’un nouveau projet, d’un passage en Belgique… Quelle que soit la formule choisie, la musique de Christine et de Mathieu touche l’auditeur. Par sa personnalité, par sa sincérité. Et on rajoutera le mot sensibilité pour tracer au mieux le portrait de ces deux musiciens aussi talentueux qu’accessibles. En solo pour Christine (avec l’appui de Mathieu), notamment avec les ondes Martenot dont elle est une spécialiste reconnue et recherchée (« Amélie Poulain » de Yann Tiersen, Oiseaux-tempête les Tindersticks, Radiohead, …), en duo avec son fidèle compagnon (Snowdrops, nettement plus ambient) ou à trois (Theodore Wild Ride, ici avec The Cry), la musique du binôme ne cesse de surprendre… mais aussi – et c’est important – elle suspend le temps.

« The Cry » et sa pochette inspirée des angoisses de Munch entrent bien dans ce moule-là. À l’ambient viennent s’ajouter des sonorités jazzy libres et une touche de krautrock. Le batteur Pierre-Loïc Le Bliguet, récipiendaire d’un master en percussion classique et contemporaine, complète harmonieusement le duo de base. Il aurait pu être question en effet d’angoisses, d’un cri de désespoir (chaque jour, l’actualité nous rappelle que l’homme est un loup pour l’homme…). Mais c’est bien la beauté de l’espoir que l’on découvre ici. L’histoire de Christine et de Mathieu se concrétise ainsi… Leur vie est jalonnée de belles rencontres. Comme la nôtre, il y a six ans (pour un entretien que mon Tascam n’avait pas enregistré…); comme celle de ce batteur dont le jeu puissant et délicat avait impressionné le duo lors d’un concert de fin d’études…

Cette dernière rencontre, plus précisément, a permis la naissance du projet The Cry. Elle s’est concrétisée par une journée d’enregistrement en pure improvisation, dont ce disque, envoyé de Strasbourg accompagné d’une carte postale, est le témoignage sensible.

Christine Ott et Manu Hermia au Gaume Jazz Festival le dimanche 13 août.

Yves Tassin