Trapeze : Level Crossing
A l’école du cirque, le trapèze demeure une valeur sûre. Il est à la fois figure ascendante de maintes galipettes ou pirouettes et réceptacle d’éclatantes voltiges. Ce combo n’entend pas déroger à l’usage et donne à l’agrès ses barres de noblesse. Issu d’une résidence à La Malterie de Lille, il réunit sous une bannière européenne la saxophoniste locale Sakina Abdou, le tromboniste allemand Matthias Müller, le batteur français Peter Orins et le platiniste helvète Joke Lanz. Ces quatre-là revendiquent sans ambages leur statut d’improvisateurs. Les deux premiers sont membres du fabuleux Red Desert Orchestra d’Eve Risser (dont nous vous rapportions la très belle prestation au Moers Festival en mai dernier). Les deux autres se sont côtoyés dans l’ensemble Butcher’s Clever du trompettiste Petr Vrba. Abdou et Orins officient également au sein de leur trio avec Barbara Dang. « Level Crossing » s’aborde comme une œuvre entièrement improvisée où chacune et chacun évolue individuellement, un peu à la manière de circassiens laissés à eux-mêmes sur la piste d’un cirque déserté par ses spectateurs. Ici, les tours et prouesses se jouent et s’exécutent sans filet de retenue et sans qu’il soit besoin de plaire à un public. Les instruments – mais aussi les vocalises – sont explorés, visités jusque dans leurs recoins les plus intimes et se déclinent en une multitude de sons improbables. Il y a parfois un côté post-dadaïste qui accompagne cette démarche, ce qui la rend moins audible encore. Et c’est tant mieux car c’est peut-être là que resplendit la véritable quintessence de Trapeze.