Nihiloxica : Source of Denial
Avant l’écoute de ce disque, je n’avais à vrai dire jamais entendu parler du royaume Buganda. Et pas davantage de ses percussions traditionnelles qui en sont un de ses artéfacts artistiques notables. Nihiloxixa entend faire (re)vivre et vibrer cette tradition musicale. Ce collectif ougando-anglais incorpore les sonorités des percussions ancestrales de cet ancien royaume situé sur les rives du lac Victoria à des trames électro-techno pour en créer un son unique, à la fois tribal et puissant. La musique qui en jaillit est essentiellement instrumentale et percussive. Elle ne se perçoit et ne se comprend pleinement que si on la rattache au propos de la démarche du groupe. « Source of Denial » dénonce les obstacles administratifs parfois iniques, parfois arbitraires qui jalonnent le parcours des migrants déjà semé d’embûches. Les membres du groupe, en partie d’origine africaine, ont eux-mêmes subi les affres de ces politiques migratoires au point d’avoir dû annuler une tournée en Angleterre l’année dernière ou d’avoir dû jouer en étant privés d’une partie de leurs musiciens. Les quelques rares paroles audibles sur le disque ont été générées par ordinateur. Elles évoquent les processus inflexibles, déshumanisés de demandes de visas et de questions posées par les autorités douanières, du style « Avez-vous appartenu ou appartenez-vous à un groupe terroriste ? » ! L’album, leur deuxième à ce jour, a été composé et enregistré à Kampala, capitale de l’Ouganda et berceau du groupe. Il amorce un virage plus dystopique et plus métallique que le précédent. Comme s’il s’agissait pour Nihiloxica de bomber le torse et de marteler son credo plus haut, plus fort encore.
En concert ce 19 novembre au Wintercircus à Gand.
