Legraux Tobrogoï : Barbarismes
Novembre avec ses journées de plus en plus courtes, ses feuilles mortes, sa pluie, sa morosité. Oubliez les antidépresseurs ou l’alcool pour vous permettre de surmonter cette période difficile. J’ai pour vous un autre remède, plus sain : voici le 4e album de Legraux Tobrogoï, sextet toulousain, qui nous présente une œuvre joviale, parfois euphorique, qui peut également être agréablement rêveuse par moments. Le groupe propose huit compositions originales (écrites par divers membres du gang) qui peuvent nous faire penser tantôt à l’univers de Charles Mingus, ou à la folie délirante d’un Frank Zappa ou encore à certaines envolées à la King Crimson qui nous replongent dans une sphère « prog » du début des années 70. Ne croyez surtout pas que leur musique n’est faite que de références à d’autres musiciens : elle est riche, singulière, intelligente, pleine d’humour et donc difficilement cataloguable. Elle est également puissante, grâce à ce jeu de groupe (guitare, basse électrique ou contrebasse, batterie, trompette, saxophone ténor ou flûte, saxophone baryton), qui n’hésite cependant pas à mettre en évidence les qualités individuelles de chacun de ses membres, par des solos relativement courts et bien intégrés dans le contexte des morceaux. L’écoute de cet album m’a mis directement de bonne humeur et, en même temps, je me suis demandé comment il se faisait que je n’avais jamais entendu parler de ce Legraux Tobrogoï auparavant, alors que le groupe existe depuis plus de 20 ans : un premier album, « Nikalitipoï » en 2003, puis une longue pause jusqu’en 2018, année de sortie de « Volume 1 », suivi en 2021 par « Pantagruel Résolu »… À mon niveau, voici peut-être la révélation la plus intéressante de l’année.