Giovanni Tommaso Quartet : Walking in My Shadow
Parco della Musica Records / Xango Music Distribution
Giovanni Tommaso est âgé de 82 ans. Contrebassiste-bassiste électrique professionnel depuis plus de 65 ans, il est devenu un personnage incontournable du jazz italien en commençant dès la fin des années 50, par « Il Quartetto di Lucca », en enregistrant de très nombreux disques en leader ou comme sideman (on retiendra bien sûr dans les années 70 le projet Perigeo où avec ses amis Franco D’Andrea ou Claudio Fasoli il développa un jazz-rock de très grande qualité qui fit connaître le groupe dans l’Europe entière) et en ouvrant, en 1971, le mythique club romain « Music Inn » où il eut l’occasion d’accueillir et d’accompagner des musiciens comme Sonny Rollins, Lee Konitz, Dexter Gordon, Steve Lacy, Art Farmer, Johnny Griffin ou encore un quintet mené par Chet Baker et Jacques Pelzer. Tommaso a estimé qu’il était temps de faire une sorte de bilan de sa carrière, d’où cet album au titre évocateur (« En marchant dans mon ombre ») qui reprend certaines de ses compositions déjà présentes dans différents disques (allant des années 60 à la fin des années 2000), lesquels sont pratiquement introuvables de nos jours. Pour ce faire, il est accompagné d’un groupe « all stars » à commencer par Rita Marcotulli au piano et par Javier Girotto aux saxophones soprano et baryton et à la flûte et Alessandro Paternisi à la batterie, tous des musiciens expérimentés avec lesquels Tommaso a fréquemment joué. Voici donc un groupe soudé qui semble réellement impliqué dans ce projet. Après un titre d’ouverture (« Bassifondi ») au swing assez classique, les relectures qui suivent sont beaucoup plus audacieuses avec des passages tendus (« White Keys »), des rythmes sud-américains (« Sea Side »), des morceaux aux rythmes alternés (« Cinema Moderno »), des ballades (« La Prima Volta » ou « Good Bye Novecento ») et quelques solos de grande beauté (Rita Marcotulli dans « To Toto » et Giovanni Tommaso qui fait chanter sa contrebasse dans « Codice 4 »).
Au final, on a un très beau disque, fait de compositions solides et excellemment interprétées, ce qui nous permet de mieux comprendre l’importance qu’a eue (et a toujours) Giovanni Tommaso dans l’histoire du jazz italien des 60 dernières années.