Hania Rani : Ghosts
Formée dans les réputées écoles polonaises, la pianiste Hania Rani a d’abord connu une (courte) carrière dans le milieu de la musique classique. Ce qui explique sans doute les magnifiques arrangements pour cordes auxquels nous avons droit sur six titres de cet album-ci. C’est en 2019 que Matthew Halsall – le boss du label Gondwana – la révèle au monde entier. À l’époque, et en guise de carte de visite, Hania Rani enregistre « Esja », un piano solo qui remporte un énorme succès. Se révéler avec un piano solo ! C’est peu dire que la jeune femme a su immédiatement envelopper ses auditeurs dans un écrin personnel. Le talent ne se calcule pas, il s’exploite ! « Ghosts » (ce titre lui va si bien !) est déjà le cinquième album que Hania Rani publie chez Gondwana. Depuis « Esja », sa musique a évolué. Bien évidemment. Hania s’est installée à Berlin où elle a plongé dans le milieu electro. Electro mais pas trop ! Elle intègre les machines dans sa musique de façon discrète, à peine perceptible. De façon vaporeuse. Comme sa voix, qui expire les mots avec douceur et fragilité. Les soixante-sept minutes de ce magnifique album se partagent entre instrumentaux célestes et chansons pop fantomatiques. « Ghosts » : c’est bien le thème de ce disque mystère (cf. le splendide « Dancing With Ghosts » chanté en duo avec Patrick Watson). En guise de comparaisons, il n’est pas interdit de citer Agnes Obel, Kate Bush, Emilie Simon, Anja Garbarek. Rien que de jolis noms… Mais en vérité, cet univers-là est personnel, unique.
Hania Rani en concert à l’OM, Seraing, le 13 mars 2024.