Thierry Maillard Trio + invités : Maman

Thierry Maillard Trio + invités : Maman

Ilona Records / L’Autre Distribution

Ironiquement, j’avais terminé ma dernière chronique du pianiste français Thierry Maillard en lui disant « À dans quelques mois » tellement ce magnifique musicien publie des albums, toujours différents et passionnants avec une belle régularité. C’est-à-dire deux albums par an. Mais c’est la triste réalité de la vie qui a décidé de la suite et de la réalisation de ce nouveau bijou. En juillet 2023, Thierry perdait sa maman. Dans l’urgence de dire son désarroi, de chanter son amour, dans l’urgence de noyer ses larmes, il composait et enregistrait cet hommage dès le mois suivant. En deux jours d’enregistrement et quatre de mixage, ses sentiments, sa tristesse, ses ressentis étaient prêts à nous être transmis. Accompagné de son efficace section rythmique, Dominique di Piazza à la basse et de Yoan Schmidt à la batterie, Thierry a magnifié certains titres avec la présence de Philippe Gaillot à la guitare et surtout celle d’Olivia Gay au violoncelle. Quel autre instrument que ce dernier pouvait apporter autant de gravité, transmettre autant la détresse ? Ses sons imposent tout simplement le recueillement. Au fil des onze compositions de Thierry, le groupe se déploie dans un jazz émouvant, mélodique (essentiellement dû au piano) où chacun des cinq instrumentistes bénéficie de quelques instants pour se mettre en évidence. Je pense à la basse sur « Entendras-tu ? », aux interventions brillantes de la guitare sur « Ces quelques notes » ou « Au–delà de tout », mais tous ces musiciens sont éblouissants et participent à l’hommage respectueux, tendre envers un être cher qui vient de quitter ce monde. Je serais tenté de dire que ce n’est pas larmoyant, mais il est difficile de masquer sa peine pour peu que l’on se remémore certains proches disparus. Il a écrit à l’intérieur de la pochette « Maman, j’espère que tu entendras ces quelques notes… tu me manques ». Thierry, je peux te dire que ces mots et ta musique parleront à beaucoup de monde tellement notre sensibilité est conviée. Je terminerai tout simplement en reproduisant ces quelques mots du communiqué de presse : le son des larmes. Les siennes, les nôtres.

Claudy Jalet