Mark Lotz Trio : Turn On, Tune In, Drop Out !
Les trios flûte/basse/batterie sont rares, pour ne pas dire rarissimes. Mark Lotz en a l’expérience, il les emmène. Il y a quelques années, il réalisait « The Wroclaw Sessions » avec le bassiste Grzegorz Piasecki et le batteur Wojciech Bulinski. Ici, covid oblige, c’est avec des musiciens établis aux Pays-Bas qu’il s’est entouré : le bassiste Zack Lober et le batteur Jamie Peet. Flûtiste talentueux et remarqué, Lotz arpente depuis plusieurs décennies les scènes du monde. Allemand d’origine résidant en Hollande, il a grandi en Ouganda et en Thaïlande. Peut-être faut-il voir dans ce parcours géographique l’étendue de ses influences… Le titre de l’album fait référence à celui du livre culte de Timothy Leary dans lequel il explore sa notion de vie intérieure et son expérience avec le LSD. Mais Lotz ne s’est pas arrêté à la simple accolade. Il est allé fouiller dans ses souvenirs de sa propre expérience avec cette drogue synthétique à l’égard de laquelle il garde, dit-il, une « affection intense ». Il a également nommé huit de ses morceaux en référence aux huit circuits (« The Eight-Circuit Model of Consciousness ») de Leary. Pour autant, ne vous attendez pas à découvrir à l’écoute de ce disque une musique planante ou psychédélique. Rien de tout cela. Lotz et son trio se tiennent bien sagement à l’intérieur d’un périmètre d’un jazz apprivoisé et dressé. Là où on part en voyage, c’est lorsque l’on prend le temps de s’immerger dans les nuances fabuleuses que Mark Lotz donne à ses instruments : flûte alto et basse, mais aussi le bansuri, cette sorte de grande flûte traversière indienne classique. À la manière d’un peintre, Lotz joue et se joue des couleurs et des tons. Et pour cela, nul besoin d’avoir absorbé un acide au préalable, seuls sont à l’œuvre le talent, le travail et l’inspiration.