PoiL Ueda : Yoshitsune
Suite des aventures improbables entre PoiL, groupe lyonnais expérimental proposant un savant mélange de prog cosmique avec des influences zeuhl et qui a dû beaucoup écouter Frank Zappa, et Junko Ueda, chanteuse japonaise connue dans le champ de la narration (souvent davantage que du chant) de poèmes épiques médiévaux et bouddhistes de son pays et qui s’accompagne au satsuma-biwa (grand luth japonais). PoiL Ueda avait sorti un premier album l’année passée (« Poil Ueda ») qui avait prouvé que ce mode de fusion, a priori inimaginable, fonctionnait parfaitement. Le concert que le groupe donna à l’An Vert en juin dernier ne fit que confirmer la solidité et l’originalité de ce projet. Venons donc à ce disque, soit huit compositions qui peuvent être considérées comme la suite logique de leur premier album : une osmose entre l’orientalisme de Junko Ueda et les sons telluriques de PoiL, avec toujours des récits de batailles navales effroyables et d’actes héroïques avec une considération mystique permanente. Ici, c’est l’histoire du samouraï Yoshitsune, vainqueur avec son clan d’une bataille navale contre un clan adverse, qui s’oppose à son frère Yoritomo pour la prise de pouvoir du clan et qui sera contraint à l’exil. Musicalement, à côté de moments calmes réservés à la narration et à la voix chaude de Junko Ueda, PoiL propose des sons énergiques où la guitare et les effets électroniques font merveille. J’écrivais à propos du premier album qu’il s’agissait d’une œuvre inqualifiable, difficile et avant-gardiste. Je le confirme, mais il faut surtout mettre en évidence le sublime de cette rencontre que peu auraient pu imaginer.