Tutu Puoane : Wrapped in Rythm Vol 1

Tutu Puoane : Wrapped in Rythm Vol 1

SoulFactory Records

Sous-titré « Tutu Puoane sings the poetry of Lebo Mashile », ce troisième album de la chanteuse sud-africaine met en musique les textes (poèmes) de sa compatriote. Elles se sont rencontrées à Johannesburg en 2014 et Tutu a reçu la bénédiction de l’activiste pour chanter des extraits de son recueil « In a Ribbon of Rythm ». Textes qui oscillent entre l’amour et le dégoût, abordent la santé mentale, le pays quitté… Arrivée en Belgique en 2002, Tutu vit depuis à Anvers avec son mari, le pianiste Ewout Pierreux, et ses deux enfants. Enregistré entre Malmedy et Niel, cet album de huit morceaux est, à l’exception d’un titre, entièrement composé par le couple et bénéficie de l’impeccable production de la sommité Larry Klein (Joni Mitchell, Tracy Chapman, Herbie Hancock, Bob Dylan, Madeleine Peyroux, Melody Gardot…). Il s’ouvre par le très beau « Land of Broken Mirrors » qui s’insère dans le jazz mainstream, mais avec un côté pop/soul vraiment raffiné, efficace, immédiat. Les belles mélodies sont une des constantes de ces chansons sur lesquelles le couple est accompagné d’une renommée section rythmique formée de Clemens van der Feen à la basse et de Dré Pallemaerts à la batterie. En guests sont présents le trompettiste Bert Joris, émouvant sur la superbe et douce ballade « From the Outside in », le guitariste Tim Finoulst (il joue aussi de la pedal steel sur trois titres) et le renommé organiste américain Larry Goldings qui apporte une touche bluesy (« Illicit Love ») ou participe, sur une autre, au swing modéré de la formation (« Courage »). Un orgue qui apporte une touche singulière à ces deux titres. De sa superbe voix, claire, suave, Tutu nous promène dans un univers assez universel, unanime dans lequel le jazz, la pop et la soul se frôlent. Où tout est brillamment interprété, produit, où les sons sont finement ciselés. Et nous vaut une musique classieuse, intelligente et captivante. Je m’en voudrais de ne pas signaler les nombreuses et mélodiques interventions du pianiste qui, du jazz d’un Hancock, peut passer à une évocation du jeune et enthousiaste Elton John des premiers albums. Et toujours avec un égal bonheur. Une belle réussite que ce premier volume, susceptible de plaire à un large public. Le second, avec le Metropole Orkest, sera bientôt enregistré et les arrangements seront confiés à Bert Joris. On se réjouit déjà de l’écouter.

Claudy Jalet