Mathias Bressan : Ballades pour mon chien noir
Livre et musique
Le label bruxellois est essentiellement dédié au jazz et aux musiques du monde. Après le récent CD de Manu Louis qui s’éloignait déjà de ces directions, nous arrive cet album digital de onze chansons composées par notre compatriote Mathias Bressan. Cette sortie est matérialisée par un livre-album, de 32 pages, comprenant les textes des chansons, mais aussi quelques écrits qui n’ont jamais été mis en musique. Il est illustré par Rebecca Rosen et comprend un code de téléchargement de l’album en HD. Il est en vente au prix de 20 euros. Pour être complet, sachez que son titre fait référence à la manière dont Winston Churchill décrivait ses états dépressifs ! Après un premier album autoproduit et un second récompensé d’un « Coup de cœur » de l’Académie Charles Cros, les compositions de ce troisième opus nous emmènent intelligemment au sein d’une chanson française « à textes » de qualité. Mais résolument contemporaine puisqu’elle évolue dans une électro pop quelque peu minimaliste, fragile et qui sait se faire, à quelques détours, plus imposante. Et Mathias ose d’autres choses : une lecture sans soutien musical (« L’histoire d’Emilio »), un spoken words sur la Belgique avec cette phrase : « C’est l’histoire d’un pays bousculé », un peu de « desert songs » (« Aux portes de l’Europe ») et une belle folk pop acoustique, pour nous quitter, avec la plage titulaire. Outre les faits de chanter et de composer, Mathias joue aussi de la guitare, de la basse et de la batterie, mais quelques instruments étoffent ou singularisent un titre. Je pense essentiellement à la contrebasse et la flûte, utilisées seulement une fois mais avec bonheur. Des cuivres, d’autres guitares, des claviers, des percussions se posent au fil des titres et le tout nous vaut un passionnant album qui offre, outre sa synth pop captivante, son lot de post-rock léger fédérateur (« Belle étendue »), quelques lignes de psyché (« Les archers ») voire une valse lente (« Place Emilio »). Mathias évolue dans ce que l’on peut qualifier de très bonne chanson française aux textes réalistes, poétiques avec des pointes de surréalisme à la belge, mais aussi beaucoup de vérités sur l’état du monde. Les migrants, les sans-abri, la solitude, les états d’âme… Mathias est bien dans un certain courant contemporain, mais je pense qu’il devrait plaire à ceux d’entre nous qui apprécient Miossec, Bashung, Gaëtan Roussel, Bertrand Belin, Daniel Darc ou Gainsbourg. Un petit bijou de fragilité aux nombreuses mélodies et refrains accrocheurs.
En concert au Botanique, Bruxelles, le 23 mars.