Harold Danko : Trillium

Harold Danko : Trillium

SteepleChase Productions / Xango

Regardez attentivement la photographie de la pochette. L’homme qui est penché sur son piano, vêtu d’une chemise écossaise, portant lunettes, barbe et moustache, les cheveux gris dégarnis, affichant un air à la fois concentré et aimable, vous rappellera très certainement un de vos profs du secondaire, de chimie ou de physique. De fait, il y a quelque chose de sérieux et de rassurant qui se dégage de la personne d’Harold Danko. À 76 ans, le pianiste américain n’a plus vraiment quelque chose à prouver. Quand on a joué aux côtés de Lee Konitz, Chet Baker, Gerry Mulligan ou de Woody Herman, nul besoin de rajouter à son CV. On mesure en lui la sagesse et la maturité gagnée au terme d’un long parcours. Ces dernières années, quand il n’était pas affairé au sein de son propre quartet, Harold Danko a tantôt privilégié les duos, tantôt les trios. Sur cet album, il revient aux côtés du saxophoniste Rich Perry et du cornettiste (également trompettiste) Kirk Knuffke. Deux comparses qu’il a côtoyés dans le passé à plusieurs occasions. La dizaine de compositions alignées, toutes signées par Danko, privilégie clairement une approche lyrique que conduit le piano et que renforcent les cuivres. Le jeu de Danko est fluide, privilégiant la nuance et la tempérance, comme sur « Spring Winds » qui ouvre le disque ou sur « Blossom Tango », inspiré par l’Argentine. À d’autres moments, ce sont des pièces véritablement chantantes, gaies qui s’imposent, à l’instar du très bien balancé « Address Unknown ». Et puis, il y a toujours un peu de l’ombre de Stravinsky qui plane ci et là, le compositeur phare qui a inspiré Danko ces dernières années et dont l’album « Rite Notes » sorti il y a deux ans fait écho.

Eric Therer