Philippe Soirat : On the Spot
Gaya Music / L’Autre Distribution
Depuis le début des années 90, Philippe Soirat écume les scènes françaises avec les plus grands, accompagnant Barney Wilen, Johnny Griffin, George Cables… enregistrant aux côtés des frères Belmondo (l’inoubliable « Hymne au Soleil » entre autres), de Laurent Fickelson, Gordon Beck et bien d’autres, mais aussi en leader. « On the Spot » est le tout chaud – dans tous les sens du terme – album du batteur qui dans ce quartet, est ici entouré de David Prez au sax ténor, Vincent Bourgeyx au piano et Yoni Zelnik à la contrebasse. Dès la lecture de la pochette, on notera un choix de compositions de monstres sacrés du jazz certes, mais évitant les thèmes les plus joués, « Moment’s Notice » de Coltrane excepté. Quatre solos du batteur « sur le vif » – « On the Spot » – servent d’interludes démontrant les qualités rythmiques de celui-ci, sans esbroufe et marqués du sceau de l’élégance et du groove. Après la mise en bouche d’un premier solo en douceur, « Angola » de Wayne Shorter sonne comme une entrée en matière nerveuse, à l’image de la version originale de 1965. Wayne Shorter n’est une nouvelle fois pas loin sur la composition de Miles Davis « Side Car » que David Prez enlève avec force et invention avant un final drivé de main de maître par Philippe Soirat. « Eclipse » débute sur la contrebasse à l’archet, le sax ténor chantant la ballade de Charles Mingus avec finesse avec la complicité quasi romantique de Vincent Bourgeyx. Encore une fois, quelle belle idée de ressortir des tiroirs des compositions peu jouées aujourd’hui : c’est encore le cas avec « Pumpkin » de Andrew Hill, une citrouille que le quartet transforme en carrosse sur l’accompagnement décalé de Philippe Soirat, superbe ! « Moment’s Notice » est introduit par le sax sur un tempo lent qui rappelle « Naïma » avant de s’envoler en up tempo. « Psaume 22 » est une tendre ballade composée par Gilles Naturel que Philippe Soirat a accompagné à de nombreuses reprises. « Mr.Day », un blues du début des années 60, nous entraîne une nouvelle fois dans l’univers coltranien sur un tempo medium où le drumming de Soirat indique discrètement mais sûrement la direction. Un album qui fleure bon la tradition du quartet avec sa dose de modernité, d’arrangements subtils et d’improvisation, la marque d’un quartet soudé et passionnant.