Sandro Sáez Trio : No Perspective
Pour l’heure, on ne connaît rien ou quasi de Sandro Sáez. Certes, son alias High Sáez, en compagnie du producteur High John a, paraît-il, généré plusieurs millions d’écoutes sur Spotify en proposant une formule tendance mêlant piano jazz et beats hip hop. Mais cet album, le premier présenté en trio, est d’une autre nature. Il est le résultat d’un travail de longue haleine, de plusieurs années de labeur, de réflexion, mais également, ainsi qu’il le confesse, de désillusion. D’où le titre. Établi à Berlin par choix, ce jeune pianiste a au contraire tout pour lui et tout devant lui en terme de perspectives. Ce que Sáez nous signifie c’est que l’état actuel du monde n’offre guère d’issue heureuse. Et pourtant l’écoute de son disque semble nous dire tout l’inverse. Dès les premières notes, sa musique vole, survole, voltige. Son jeu fluide et aéré cligne de l’œil à Monk, à Evans mais aussi à Debussy. À la basse, Niklas Lukassen (ancien élève de Ron Carter) assure, assume sa position en pourvoyant un son rond et adroitement balancé. Nathan Ott, à la batterie, peaufine et affermit la rythmique, l’estampillant d’une patte groove irrésistible. Dans son ensemble, il se dégage une impression de joie et d’optimisme de ce mal nommé « No Perspective ». « Forgiveness », le seul morceau que Sáez n’a pas écrit (il est composé par Ott), apporte une nuance mélancolique à un opus swing malgré lui. Si vous appréciez la démarche des trios piano/basse/batterie imaginatifs et créatifs à la façon de De Beren Gieren, cet album est pour vous. Une des plus belles découvertes de ce début d’année.