Armando Luongo : New Lands
Je n’aime pas vraiment les surprises. Et je n’aime pas du tout les mauvaises surprises. Mais j’aime beaucoup les bonnes surprises. Et celle-ci en est une. On connaissait le batteur Armando Luongo comme sideman ultra efficace et inventif (auprès de Filippo Bianchini, Dmitry Baevsky ou Jérémy Dumont, entre autres), mais on ne le devinait pas compositeur et arrangeur aussi talentueux. Entouré de Jean-Paul Estiévenart (tp), Wajdi Riahi (p), Basile Rahola (cb), Matt Chalk (as) et Giovanni Di Carlo (g), il a nommé son premier album en leader « New Lands », comme pour définir un nouvel espace d’aventure pour lui (et pour nous). C’est une belle surprise car, dès les premières notes, vives et enjouées, de « Nano Ballerino », on est accroché et, ce qui est encore mieux, Armando ne nous lâche plus jusqu’au dernier titre : « Illusion ». Entre les deux, il nous emmène au travers de ses différentes humeurs. Le batteur sait raconter aussi bien que laisser ses compagnons enrichir ses propos. Les dialogues sont toujours vifs, intéressants, joyeux et profonds. Le jeu d’Armando, très équilibré, est à la fois aérien et plein de relief, de douceur et de caractère. Il permet à l’alto de belles envolées, moelleuses ou mordantes, à la trompette de virevolter façon bop, et à la guitare de dessiner des suites d’accords virtuoses. Et puis, il y a les éclats du pianiste Wajdi Riahi (toujours aussi vif et impressionnant de facilité) qui chante et siffle également sur un morceau (c’est un peu sa marque de fabrique). C’est un beau pays imaginaire que nous présente Armando, riche de belles harmonies, de groove, de swing, de parfums méditerranéens ou de polyrythmies joyeuses. Allez… à vous de vous laisser surprendre.