Marthe Lea Band : Herlighetens Vei

Marthe Lea Band : Herlighetens Vei

Motvind Records

Cette jeune saxophoniste ténor norvégienne, fan de Jan Garbarek, s’est immergée dans le jazz, mais elle est aussi fortement influencée par la musique traditionnelle de son pays, par celle des Balkans et donc par les fanfares. Et elle convoque toutes ses inspirations dans la musique qu’elle propose sur cet album. Quand elle ne souffle pas dans son sax, elle chante mais joue aussi de la flûte, du piano ainsi que des percussions. Son band est formé par quatre autres musiciens qui se partagent clarinettes, contrebasse, violon, synthés, batterie, d’autres percussions, et ils posent leurs voix en soutien de celle de Marthe. Et à eux cinq ils nous proposent un intéressant périple souvent jouissif. Tout débute avec un mix entre jazz et accents balkaniques (la plage titulaire) et la présence des deux cuivres, sax et clarinette, nous fait immédiatement penser, pencher, vers le cinématographique à la Emir Kusturica et son No Smoking Orchestra ! Mais tout ne sera que découvertes. Entre les chants de l’Est et ceux plus tribaux apparaissent des sonorités ethniques issues de l’Afrique du Nord. Elles sont amplifiées par le son de la flûte, du violon et par diverses percussions. Elles nous plongent dans une world épurée, aride évoquant des images du désert (« Lavebaengar » et « Disene »). Une désarmante et intrigante fusion entre le jazz, la world et le manouche (« Auyumi ») nous vaut une agréable séquence festive. Une folk dansante, répétitive, hypnotique (« Sa Brugda ») se place au beau milieu de ses compositions avant l’arrivée d’une douce ballade (« Gurdjieff Til Gurdjieff ») sur laquelle piano et cordes s’unissent en toute beauté. L’ensemble expérimentera encore (« Vevet ») avant de nous laisser sur une surprenante plage finale aux sonorités nues, crues, squelettiques sur laquelle, derrière un chant étrange, nous entendrons des bizarreries, des bruits de ferraille, des sonorités tibétaines. Vraiment une fin de voyage déroutante ! Tout comme cet album qui, outre le fait d’être une véritable intrigue, se révèle passionnant. Certainement consciente du fait, Martha a écrit sur le verso de la pochette « Dingo, dingo, dingo, tsshh ! ». Pas faux. Osez la découverte !

Claudy Jalet