Bipolar Bows : Little Bundles of Joy
Bipolar Bows, c’est une question de cordes. Les cordes épaisses d’un violoncelle tenu par Toby Kuhn, un patrouilleur sans racines fixes formé à la musique classique et qui évolue dorénavant dans les sphères de l’ethno-jazz. Puis les cordes nettement plus fines d’un violon pour les notes aiguës. Le violon de la Gantoise Lotte Remmen, elle aussi diplômée du Conservatoire (celui d’Anvers), département classique, puis happée par le jazz et la musique folk qui l’ont menée sur les scènes internationales avec l’un ou l’autre groupe. Cordes vocales enfin dont se charge Lotte ici sur deux titres. C’est au sein de la formation de bluegrass Old Salt que l’on retrouve la première intersection qui réunit les deux musiciens. C’est là, semble-t-il, qu’ils se sont rencontrés, qu’ils se sont découvert suffisamment d’accointances pour que soit entamée l’aventure Bipolar Bows. En créant ce duo sur ces fondements et en utilisant que leurs propres instruments (leur musique se joue pratiquement sans aucun effet), Lotte et Toby auraient pu nous servir un folk certes sympathique, mais surtout convenu, pour ne pas dire ennuyeux. Le titre de cet album ne le suggère-t-il pas ? En vérité, ces « petits moments de bonheur » n’invitent pas nécessairement à rire ou à danser. D’entrée, avec un magnifique blues décharné (« Stained-Glass Muskrats ») et ailleurs, quand le groove s’ajoute au don (« JLT Funk ») ou que l’émotion prend le dessus (« Clotheslines »), le duo surprend en mettant sur cette musique un accent grave inattendu mais placé pile au bon endroit…