Le dossier Intervalles du mois ‐ Mai : Leonard Cohen #1
En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte.
Leonard Cohen nous a quittés il y a déjà sept ans, mais il reste bien présent sur nos platines et dans nos bibliothèques. Nous retraçons ici son parcours, sans nécessairement nous attarder sur le répertoire le plus emblématique. Sa vie (ses doutes), son œuvre (ses certitudes) en quelques chansons, en quelques interprétations…
1. Leonard Cohen : The Lost Canadian / un Canadien errant (« Recent Songs ») – Columbia
Nous entamons notre feuilleton mensuel qui aura pour sujet Leonard Cohen durant quelques épisodes. Il ne sera pas question d’un best of mais bien de retracer la carrière de cet auteur, poète, compositeur et musicien exceptionnel. Pour démarrer, une chanson certes peu connue de son répertoire, mais par contre extrêmement emblématique pour Leonard Cohen. « The Lost Canadian », « Un Canadien errant » en français, est une vieille chanson traditionnelle québécoise qui évoque les déportations politiques et la nostalgie du pays. Un concept qui poursuivra Cohen durant toute sa vie en fait, lui qui naît juif et qui se sent minoritaire dans un quartier protestant anglophone de Montréal. L’éternel étranger comme il se définit lui-même démarre sa vie le 21 septembre 1934.
2. Leonard Cohen : The Stranger Song (« Songs of Leonard Cohen ») – Columbia
« Stranger Song », extrait déjà du tout premier album de Cohen paru en 1967. Car Leonard Cohen a toujours revendiqué être « un étranger ». C’est une sorte de fil rouge chez lui. Son recueil de poésie paru en 1993, tout comme sa maison d’édition musicale, portent le même nom : « Stranger Music ».
3. Leonard Cohen : The Gypsy’s Wife (« Live in Dublin ») – Sony Music
Il revendique ce titre, et il joue aussi sur cette image. Plusieurs chansons y font mention. Cohen se fantasme tsigane. C’est le cas pour « So Long Marianne », on y reviendra dans une autre émission, c’est le cas aussi de « The Gypsy’s Wife » dont nous allons écouter une version « live » parue en 2014, au crépuscule de sa vie. Leonard Cohen : « Live in Dublin ».
4. Leonard Cohen : Take this Waltz (« I’m Your Man ») – CBS
Revenons-en aux débuts, à la fin des années cinquante. Gypsy, un air de flamenco… L’Espagne attire Leonard Cohen durant sa jeunesse. Il croise un jeune musicien de flamenco à Montréal, qui lui apprendra tout ce que Cohen sera capable de jouer sur une guitare. Un autre Espagnol occupe régulièrement ses pensées. Un poète qui sera une énorme source d’inspiration pour lui : Federico García Lorca. La chanson « Take this Waltz » en est le reflet : le texte est traduit au départ d’un poème de Lorca : « Pequeno vals vienés », « La petite valse viennoise ».
5. Leonard Cohen : Dance Me to the End of Love (« Various Position ») – CBS
En 1959 et suite au petit succès que rencontre son premier recueil de poèmes, « Let Us Compare Mythologies », alors qu’il ne s’imagine pas encore chanteur à l’époque, Cohen reçoit une bourse d’études de 3.000 dollars. Une bourse qui lui permet de prendre le temps d’écrire un premier roman « The Favourite Game » et aussi de visiter l’Europe. Il s’installe à Londres un moment, mais il y regrette amèrement le climat humide. C’est à Londres qu’il croise la route d’un jeune homme grec qui lui vante la qualité du climat de son pays. On lui a parlé d’ Hydra, une petite île bohème… L’éternel étranger en rêvait, il y achète une maison et s’y installe dans le plus grand dénuement. « Dance Me to the End of Love », une des nombreuses chansons de Cohen dont la musique s’inspire du folklore grec. Ici les fameux pas du Hasapiko.
6. Leonard Cohen : Chelsea Hotel #2 (« New Skin For the Old Ceremony ») – Columbia
Ce n’est évidemment pas sur son île que Leonard Cohen peut envisager de vivre de son art. Il se rend compte aussi que la chanson peut le rendre plus vite célèbre que la poésie. Aussi, tout en gardant son port d’attache à Hydra, il s’installe un moment à New York, dans l’hôtel le plus célèbre des aventuriers et des paumés, étranger parmi les étrangers. Cette période un peu compliquée dans sa vie lui inspire une chanson que l’on retrouve sur l’album « New Skin For the Old Ceremony » : « Chelsea Hotel #2 », dans laquelle il relate sa courte aventure avec Janis Joplin.
7. Judy Collins : Bird on a Wire (« Democracy ») – Rhino
Cohen met alors en musique ses propres poèmes, mais il n’est pas sûr de lui ni de ses compétences pour les chanter. Ses premiers essais en « live » sont d’ailleurs catastrophiques. Il pense aussi qu’il deviendra un chanteur de country music, ce qui nous aurait moins arrangés en vérité. Et il s’installe donc chez un ami à Nashville où il enregistre l’album « Songs from a Room » en 1968. C’est une chanteuse de country-folk américaine à succès qui sera la première à chanter ses chansons : Judy Collins, que l’on retrouve ici avec une version personnelle d’un classique de Leonard Cohen : « Bird on a Wire ».
8. Leonard Cohen : Who By Fire (« New Skin For the Old Ceremony ») – Columbia
Cohen reste avant tout un poète, même si, hormis Ginsberg avec qui il entretient une amitié, peu d’entre eux le reconnaissent comme tel. Une poésie rarement légère, plutôt noire et énigmatique, spirituelle même, avec de nombreuses références à la Bible comme cette magnifique chanson « Who By Fire », qui s’en inspire directement.
9. Jeff Buckley : Hallelujah (« Grace ») – : 6 6’53
Les textes de Leonard Cohen sont ambigus parfois. Il utilise de nombreuses métaphores qui peuvent dérouter le lecteur ou l’amener à la réflexion. La plus célèbre sans doute de toutes ces chansons à double sens est « Hallelujah », dans laquelle il vénère en même temps Dieu et le sexe. Une chanson maintes fois reprise, souvent hors de son contexte… La reprise signée Jeff Buckley est sans doute la plus belle, au point de figurer au Registre national des enregistrements, à la Bibliothèque du Congrès de Washington.
10. Bob Dylan : I and I (« Infidels ») – Columbia
Chez Cohen, l’écriture peut devenir une véritable torture. Bob Dylan, comme lui, un grand songwriter et un grand poète, lui demande un jour combien de temps il a mis pour écrire « Hallelujah ». Cohen ment : « à peine deux ans » lui dit-il, alors que l’on sait qu’il lui en a fallu le double. Et à son tour, il interroge Dylan : « Et toi, combien de temps pour « I and I » ? », une chanson que l’on retrouve sur l’album « Infidels » co-produit par Mark Knopfler. Dylan lui répond : « Un quart d’heure ». Et il y a fort à parier que lui ne mentait pas.
11. Jennifer Warnes : Famous Blue Raincoat (« Famous Blue Raincoat ») – Cypress
Nous voici arrivés à la fin du premier épisode « Leonard Cohen ». Le mois prochain, il sera beaucoup question du Leonard Cohen séducteur, de ses relations toujours compliquées avec les femmes.
Et pour terminer cette première partie, en voici une très importante pour lui, même si on ne leur connaît aucune liaison sentimentale : Jennifer Warnes, la plus talentueuse de ses choristes qui, grâce au succès inattendu de son album de reprises « Famous Blue Raincoat » en 1986, a relancé la carrière de Leonard Cohen. Dans la foulée, il a connu à son tour un immense succès avec l’album « I’m Your Man ». La suite dans un mois !
Retrouvez les deux épisodes suivants de ce feuilleton « Leonard Cohen » sur JazzMania (Épisode #2 ‐ Épisode #3).
Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)