Signe Emmeluth : Banshee
Le visage de Signe Emmeluth occupe l’entièreté de la photographie de la pochette. Les cheveux ébouriffés, les yeux plissés, la bouche grande ouverte : un rictus qui hésite entre l’exultation et l’exaltation. La jeune saxophoniste danoise établie à Oslo intitule son disque en référence à une figure de la mythologie celtique irlandaise : la banshee, à la fois magicienne et femme d’un autre monde. Peut-être faut-il voir dans le choix de ce titre un hommage au pouvoir féminin païen, surnaturel que les hommes ont craint avant l’avènement du christianisme… Ce n’est sans doute pas un hasard si les musiciens qui entourent Signe sont toutes des musiciennes. Parmi les connues, on y retrouve la vocaliste et violoniste Maja Ratkje, la tubiste Heida Karine Johannesdottir et la bassiste Guro Skumsnes Moe qui a joué e.a. aux côtés de Lasse Marhaug et Keiji Haino. Les autres : la trompettiste Anne Efternøler Andersson, la pianiste Guoste Tamulynaite et la percussionniste/vibraphoniste Jennifer Torrence ne sortent pour autant pas de nulle part, elles incarnent la nouvelle scène d’Oslo où cet album a d’ailleurs été enregistré. « Banshee » avait été interprété en avant-première au Vossajazz de 2021. Il le sera à nouveau au Nattjazz de Bergen fin mai. Un disque de souffles, d’expirations, mais aussi de respirations. Parfois, c’est le presque rien qui domine. Parfois c’est le tumulte – voire le bruit – qui règne. Entre ces deux pôles, les instruments se font ductiles, extensibles, résonnent à qui mieux mieux, parfois à l’unisson avec des voix au crescendo jubilatoire. Comme si le groupe voulait nous convaincre qu’il vient de l’au-delà…