Chrones : Zone

Chrones : Zone

Art District Music

Si vous estimez que la musique proposée a tendance à ronronner, si vous ne parvenez plus à être secoué par un disque et y trouver du plaisir, alors je vous conseille d’essayer Chrones, groupe français qui sort son deuxième opus (leur premier album, « Mental climber » est sorti en 2020). Voici en effet un projet bizarre et avant-gardiste que l’on peut comparer à d’autres groupes français (PoiL Ueda, Ckraft,…) qui ont réussi des rapprochements entre un jazz ultra contemporain et des sonorités les plus diverses et non des plus évidentes, donnant naissance à des musiques hybrides, difficilement définissables, ce qui fait la force de ces œuvres. Les quatre jeunes musiciens de Chrones (Pierre Lapprand aux saxophones, un peu de chant et principal compositeur, Baptiste Ferrandis à la guitare, Etienne Renard à la contrebasse et Paul Berne à la batterie) ont dû beaucoup écouter des groupes comme Nirvana, Sonic Youth ou Blonde Redhead pour nous proposer cette espèce de jazz-grunge ou jazz-punk (avec quelques accents metal) des plus énergiques. Cela commence fort avec « Fourmis », introduit par la voix du philosophe Gilles Deleuze (qui fait un parallèle entre œuvre d’art et acte de résistance) qui fait ensuite place à des riffs enfiévrés de saxophone. D’autres titres, comme « Koulamatcha », « Captain », « Espiègle » ou « 6 Pool » sont aussi racés, avec des éclairs exaltés dans une tempête punk-grunge-shoegaze. Intelligemment, Chrones sait proposer des passages plus calmes, d’une beauté étrange (même si l’une ou l’autre fulgurance peut surgir à tout moment), comme la plage titulaire ou encore le chanté « Dance » qui clôture ce disque. Voici bien une œuvre salutaire qui permet à la musique que nous aimons d’évoluer.

Sergio Liberati