La Jovenc & Nei Shi : Gardenia
Sous-titré « Ten contemporary songs in homage to Billie Holyday », cet album étonnant voit une dizaine de chansons issues du catalogue de Billie, réinterprétées d’une manière très actuelle par un duo italien. Binôme composé de La Jovenc (Giovanni Dal Monte – chants, drum machine) et Nei Shi (Alessandro Petrillo – guitares 8 et 6 cordes, basse, theremine) et épaulé sur certains titres par une batterie, une contrebasse et un piano. Mais c’est le duo, responsable des arrangements, qui s’accapare essentiellement la voix et les sons et rend pratiquement méconnaissables des titres popularisés par la chanteuse. Qui, via deux samplings extraits d’interviews, introduit l’album avec « Don’t Explain ». Par la suite, c’est la belle voix du chanteur qui prend les devants. Voix qui m’évoque Lou Reed mais parfois, et suivant les tempos des chansons, on pense à Nick Cave, à Neil Hannon (Divine Comedy), à Marc Almond, voire Scott Walker. La Jovenc sait donc se faire crooner (« He’s Funny that Way ») mais il évolue aussi selon les arrangements donnés aux chansons. Arrangements qui puisent dans les deserts songs (« I’m a Fool to Want You », « Strange Fruit »), le jazz bluesy poussiéreux (« Big Stuff ») et même une approche assez big band avec samplings (« Ain’t Nobody Bussiness if I Do »). La démarche et l’hommage sont originaux, c’est dans un intéressant créneau qu’ils se sont aventurés. Il y a une belle unité d’ensemble qui joue la retenue, un certain dépouillement, et la voix et toutes les interventions à la guitare sont irréprochables. Et si vous appréciez les chanteurs que j’ai nommés ci-dessus, ainsi que leurs univers, vous devriez trouver des intérêts dans ces nouvelles versions assez aventureuses. Un beau challenge.