Marco Tiraboschi : In a New World
L’idée derrière « In a New World » est une chimère : le locus amoenus de l’antiquité, un lieu amène ou en tout cas au moins plus empathique qui aurait dû émerger de l’épisode « Corona virus ». On sait aujourd’hui qu’en réalité, rien n’a changé et que le monde est aussi vite retombé dans les travers dont il avait été allégé pendant l’épidémie. Il n’empêche qu’en partie conçue pendant le confinement, l’œuvre exhale quand même un parfum d’optimisme qui ne se dément pas tout au long de ses onze titres. Diplômé en guitare classique du Conservatoire Luca Marenzio de Brescia, l’Italien Marco Tiraboschi est un musicien éclectique qui joue aussi bien de la musique ancienne que des bandes sonores de film, de la musique « world » ou du jazz. Toutes ces composantes se retrouvent à divers degrés dans la musique métisse de cet album enregistré sans batterie avec un trio incluant, outre la guitare, une contrebasse et un violon. Ainsi, « Intro / Past Change » dévoile des nuances orientales tandis que le leader délaisse sa guitare pour un oud (luth arabe). On y remarque aussi l’Argentin Javier Girotto en invité qui intervient à la flûte dans l’introduction avant de délivrer de splendides arabesques au saxophone soprano sur le morceau principal. « La Nuit parisienne » capture la beauté et le mystère de la ville des lumières en fusionnant romantisme, exotisme et mélodie surannée. Avec l’aide de l’Américain Marc Ribot sur une guitare électrique au son vintage, « An Empty Garden » transmet un sentiment de flottement et de paix. Avec « Natus », c’est l’Afrique qui est évoquée, mais une Afrique chaleureuse, émouvante et pleine d’espoir. Les autres pièces sont à l’avenant, toutes étant placées sous les signes conjoints de la musicalité et du bien-être. Et puis, il y a cette belle reprise du « Frame by Frame » du King Crimson de 1981 qui en garde le rythme tout en l’ensemençant d’éléments jazz dont un splendide solo de violon par Daniele Richiedei. Elle sera d’ailleurs adoubée par un de ses compositeurs, un Adrian Belew ravi qui dira « J’aime ça ! c’est très différent des autres versions que j’ai entendues ».