Jacob Anderskov : I sang
Il existe au Danemark, comme dans de nombreux pays, une tradition de chansons, ici nommées « hojskolesangbogen » et qui sont en fait des « singalongs », des chansons à reprendre en chœur. Celles proposées sur cet album sont issues du monde du folk, de la religion ou sont des hymnes, qui furent publiés pour la première fois à la fin du 19ème siècle. Souvent apprises à l’école, elles font partie de l’identité culturelle danoise et sont toujours, à l’heure actuelle, chantées entre étudiants ou en famille. Le pianiste Jacob Anderskov a décidé d’aborder ces chansons traditionnelles sous l’angle de la réinterprétation, du recalibrage tout en maintenant le respect qui leur est dû et dans une optique jazzy. Il s’est fait accompagner dans ce « travail » par un trompettiste, un batteur, une chanteuse et un chanteur à la voix très grave, également tubiste et tromboniste. On entendra également un chœur d’enfants. Le jazz proposé est relativement doux, romantique, dénudé dans une grande partie, sur l’autre il est plus perturbant, un peu classique contemporain avec le piano qui se pose en leader, en soliste à de nombreuses reprises. Difficile pour nous de faire le rapprochement avec les chansons originales puisqu’elles nous sont inconnues. On se concentre donc sur le résultat global et force est de reconnaître une certaine aridité au projet. Avec quelques chansons plus captivantes comme « Danmark, nu blunder den lyse nat » avec un chant religieux et un accompagnement jazzy ou « Se nu stiger solen » avec une voix un peu Rickie Lee Jones, un chœur et un très beau soutien de la trompette. Sinon, tout semble s’écouler lentement, sous les notes du piano, comme l’eau d’un petit ruisseau qui ne rencontrerait aucune aspérité lui procurant des vagues. Certainement beaucoup passionnant pour les personnes familières des chansons originales et que ces nouvelles versions devraient interroger, perturber, voire étonner. Nous, nous nous satisferons de ce jazz apaisant, limpide, paisible, aux belles notes souvent cristallines. Un album propice à la relaxation, à la méditation. Et reconnaissons l’originalité de la démarche… du moins pour les Danois.