Kenny Garrett & Svoy : Who Killed AI?
Mack Avenue / New Arts International
Quarante ans cette année que le saxophoniste Kenny Garrett sortait son premier album à son nom (« Introducing Kenny Garrett »). Quatre ans plus tard, il formait avec Marcus Miller la base du groupe de Miles Davis pour « Amandla », début d’une courte mais déterminante collaboration avec le trompettiste, notamment gravée sur des lives à Montreux, ou aussi sur la rencontre historique du « Five Peace Band » de Chick Corea avec Herbie Hancock et John McLaughlin pour un « In a Silent Way/It’s About that Time » d’anthologie lors d’un concert anversois. Déterminante rencontre encore sur ce nouvel album particulièrement excitant où on ressent dès le premier thème la patte indélébile de Miles Davis. « Who Killed AI ? » a été enregistré dans le studio de Kenny Garrett dans le New Jersey avec pour seul partenaire Misha Tarasov, alias Svoy, musicien-bidouilleur de sons dans l’électro-pop. Album joué et enregistré à deux dans son studio personnel, on peut s’attendre à un climat détendu, et c’est le cas : « Ce n’était pas comme si vous étiez en studio, il s’agissait de s’amuser. On plaisantait, on prenait un verre, puis on disait : OK, essayons ça ! » dit le saxophoniste dans les notes du dossier de presse. Et c’est bien de cela qu’il s’agit tout au long des sept titres, dont six composés par le duo, plus « My Funny Valentine » qui, si besoin était, rappelle toute l’influence de Miles Davis. Miles est tout aussi présent dans les deux premiers titres : « Ascendence » et la référence à « Bitches Brew » avec « Miles Running Down AI ». Le travail sur le son réalisé par Svoy est étonnant sur l’ensemble de l’album, jouant avec les sonorités du sax pour en sortir parfois une guitare, une basse ou des percus. Rien toutefois ne sonne préparé, le flux est constamment naturel, les mélodies se détachent, le groove s’installe. Un album plaisant à découvrir et que ces deux-là ont eu de plaisir à l’enregistrer.