Sam Newsome – Max Johnson : Tubes
Les duos saxophone/contrebasse ne sont pas légion. Ils ne sont pas inexistants pour autant. Ornette Coleman et Charlie Haden en avaient popularisé la formule avec l’album « Soapsuds, Soapsuds » paru à la fin des années septante (quoique Coleman y jouait autant de la trompette que du sax…), décloisonnant par ailleurs le procédé qui allait vite se propager avec moult combinaisons. Le saxophoniste soprano américain Sam Newsome s’est fait connaître avec sa formation Global Unity pour ensuite entamer une discographie solo dont on retient le stupéfiant « Monk Abstractions » revisitant les compositions du grand Thelonious. Il s’était déjà essayé à la formule duo, notamment avec le pianiste Jean-Michel Pilc. Pour sa part, le contrebassiste Max Johnson, 25 ans plus jeune, a roulé sa bosse sur la scène new-yorkaise et ailleurs comme sideman aux côtés d’une multitude de musiciens dont on épinglera Anthony Braxton, le Mivos Quartet, Mary Halvorson ou encore John Zorn. Il a également développé une carrière de soliste remarquée. Cet album aligne sept compositions à la durée idéale. Pas trop courtes pour qu’elles aient le temps de s’installer, pas trop longues pour ne pas laisser au temps le risque de nous lasser. Comme à son habitude, Newsome prépare son instrument, y loge des objets ou l’affuble de petites prothèses pour lui dévoyer le son. Parfois, il utilise aussi des jouets. La paire s’aventure dans des terrains de jeux non balisés où le souffle du cuivre se mêle au pincement, à la contraction des cordes de manière habile et taquine. Il n’y a dans cette musique aucune revendication, aucune prétention si ce n’est celle de nous surprendre les oreilles.