Guilhem Flouzat : Bottommost
Sept années passées à New York où il a collaboré avec Sullivan Fortner, Dave Liebman, Chris Cheek ou Gilad Hekselman, et travaillé son jeu de batterie avec Dan Weiss, Eric Harland, Mark Guiliana, un bagage qui l’a sans doute éveillé à la composition, tout comme ses études littéraires ont inspiré l’écriture. Pour la chanteuse Isabelle Sörling, il a écrit de très beaux textes qui ont donné naissance à l’album « Turn The Sun To Green » qui, avouons-le, nous a échappé à sa sortie. Voici aujourd’hui « Bottommost » avec la même équipe autour du batteur et de la chanteuse : Laurent Coq au piano, Ralph Lavital à la guitare et Desmond White à la contrebasse. Que « Bottommost » soit un disque de jazz ou non, qu’importe, car c’est un magnifique album de cet auteur-compositeur qui crée une musique pénétrante et sophistiquée, faites de belles mélodies, d’envolées poétiques comme de moments de tension, mais aussi de jeux rythmiques variés. Ainsi « Sapphire », qui ouvre l’album sur un rythme funky haletant et la guitare électrique de Michael Valeanu qui allume le brûlot sur une batterie tranchante et un final abrupt. Sur « Stone », l’invité Antonin Tri met sa patte d’un alto déchiré, une pierre qui supporte la construction d’un couple qui joliment s’éloigne sur les accords de guitare acoustique de Ralph Avital. Le même guitariste, sur « Scarecrow », siffle sa douce mélancolie qu’enrobent les notes du pianiste Aaron Parks, autre invité du projet. Les sept minutes de « Bottommost » qui donne son titre à l’album forment une brillante conclusion à une galette d’une architecture très réussie, un titre dont la partie centrale fait résonner le piano en solitaire. Isabelle Sörling confirme une fois de plus qu’elle est une des voix majeures de la scène actuelle, tous styles confondus.