Camille Thouvenot, Metta Trio : Crésistance
Jinrikisha Production / InOuie Distribution
Camille Thouvenot est un nom qui a encore peu circulé dans nos contrées. Aujourd’hui jeune trentenaire, il a étudié le piano au Conservatoire de Nîmes avant d’intégrer celui de Lyon – cours avec Mario Stanchev – où il a participé à de nombreux projets. En 2015, il poursuit sa formation toujours au CNR de Lyon, mais à la contrebasse cette fois et c’est sur cet instrument qu’il crée le « Foolish Ska Jazz Orchestra » composé de sept musiciens et deux chanteuses, un orchestre qui déjà le voit reprendre les standards du jazz dans des versions très personnelles. Alchimie, couleurs, mise en son et en scène de la musique semblent être des termes qui collent à la façon d’appréhender le jazz de Camille Thouvenot. Et ce disque du « Metta Trio » en est une parfaite illustration. Si Camille Thouvenot multiplie les références à des pianistes dans son texte de pochette riche en informations – Ahmad Jamal, Gerald Clayton, Tigran Hamasyan, Brad Mehldau, Bill Evans dans le désordre – sa musique échappe au simple exercice de style, par ses belles qualités de pianiste, mais aussi par l’habillage sonore riche en trouvailles : il y a ses deux complices inspirés Andy Barron à la batterie et Christophe Lincontang à la contrebasse, mais aussi le travail de mise en son/scène d’Audrey Podrini. Citations, témoignages sous forme d’extraits d’interviews lient certains morceaux : Duke Ellington introduit et traverse « Caravan », Herbie Hancock parle de Miles Davis, entre « Nardis » revu sur une rythmique « garage » à la David King et « On Green Dolphin Street », tout aussi rythmiquement désarticulé. « Alone Together » et « Cherokee » poursuivent la métamorphose de grands classiques avec cette fois la voix de Wynton Marsalis et en final, la voix de Coltrane pour « Moment’s Notice ». « Crésistance », dont le titre est inspiré par la phrase de Stéphane Hessel « Créer c’est résister, résister c’est créer », est un album-concept à la construction à première lecture un peu alambiquée, mais dont la fluidité accroche de bout en bout non seulement pour les reprises pleines d’originalité, mais aussi pour les compositions du pianiste, entre autres « Maestro » et « 7 Years », pièce amoureuse pour Audrey Podrini, « habilleuse sonore » de l’album et compagne du pianiste. Un trio à découvrir.