Elliott Sharp – Sally Gates – Tashi Dorji : Ere Guitar
Un jour, au cœur de l’été de l’année dernière, Sally Gates et Tashi Dorji rejoignent Elliott Sharp pour une séance d’enregistrement dans son studio attitré à Manhattan. Les trois guitaristes n’avaient jamais joué ensemble auparavant. Au fur et à mesure de l’avancement de cette chaude journée, ils initient des accords, tentent des phrasés, essayent des sons. Ils se perdent, reviennent sur leurs pas, se départissent, se reprennent, prennent le temps, en perdent parfois le cours. « A movement of emergence and disappearance », comme le décrit très judicieusement Harry Lachner dans les notes d’accompagnement. Il en résulte ce disque. « Ere Guitar » est somme toute la matérialisation d’une séance intense d’improvisation où chacun et chacune a pu s’exprimer librement, sans tâche assignée, sans a priori. Il y a quelques années, Elliott Sharp avait réalisé, au sein d’un autre trio réunissant Marc Ribot et Mary Halvorson, « Err Guitar » (publié également chez Intakt). Il s’agissait d’une histoire distincte dès lors que les trois se connaissaient et avaient souvent joué ensemble. Quoiqu’il participe d’une même démarche explorative, ce disque n’en constitue donc ni la suite ni le contrecoup. Il est un moment à part. Un moment suspendu capté sur le vif un jour de juillet au centre de New York. Un jalon de plus dans l’incommensurable discographie du génial Elliott Sharp.