Eric Séva et Daniel Zimmermann : 2 Souffleurs sur 1 Fil
Les Z’Arts de Garonne / L’Autre Distribution
Perso, quand je vois la bouille de ces deux-là sur la pochette, et encore plus sur la photo du livret, je me dis qu’on va s’amuser en écoutant cet album. Vous me direz que ce genre d’a priori est complètement nul, et vous avez, en partie, raison : ce n’est pas parce que je n’ai jamais vu sourire Keith Jarrett en concert que je ne demeure pas un fan inconditionnel de sa musique. Autre a priori qu’il faut d’emblée écraser du revers de l’oreille : associer le trombone et le sax-baryton pour un duo absolu peut laisser circonspect. On laissera ce genre d’association se perdre dans le free jazz, l’impro totale, le truc qui en live passe encore, mais surtout pas dans son salon. Pour se convaincre, quoi de plus parlant que le texte qu’a écrit Laurent de Wilde pour le livret. Je ne le recopierai pas ici, il vous faudra acheter le disque pour découvrir combien cette association est magique. « Libertango » ouvre l’album avec une musicalité prenante, un titre d’Astor Piazzolla qu’on a entendu mille fois, mais jamais comme celui-ci, c’est à la fois enlevé et soyeux, comme le sera un peu plus loin le splendide « Oblivion ». Eric Séva évoque à merveille la lumière d’un village catalan sur « Luz D’Eus », et Daniel Zimmermann la lumineuse connivence entre les deux instruments sur sa composition « Mademoiselle ». Tout est subtilité et finesse sur les huit titres de l’album, les citer tous ici serait un peu couper l’herbe sous les pieds de l’auditeur que vous devez à coup sûr devenir de ce petit bijou.