Le dossier Intervalles du mois – Septembre : Leonard Cohen #3
En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois, un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte, en mots et en sons.
Leonard Cohen nous a quittés il y a déjà sept ans, mais il reste bien présent sur nos platines et dans nos bibliothèques. Nous retraçons ici son parcours, sans nécessairement nous attarder sur le répertoire le plus emblématique. Sa vie (ses doutes), son œuvre (ses certitudes) en quelques chansons, en quelques interprétations… Pour clôturer ce dossier, nous vous proposons trois thématiques : Cohen et la politique, la dépression de Cohen et enfin… quelques curiosités !
1. Antony : If it Be Your Will (« I’m Your Fan – MPS ») ‐ Verve
Il est déjà temps de clôturer notre feuilleton « Leonard Cohen » qui nous aura tenus en haleine durant trois épisodes. Pour ce dernier volet, nous aborderons la vaste carrière du chanteur selon trois thématiques : Cohen et la politique, la dépression dont il a souffert durant de longues années et enfin… quelques curiosités.
On démarrait d’ailleurs avec une curiosité : une captation live d’un standard de Cohen : « If it Be Your Will » signée Antoni, devenu Anohni.
2. Leonard Cohen : Lover Lover Lover (« New Skin For the Old Ceremony ») ‐ CBS
Les biographes s’accordent pour écrire que l’idéologie politique de Cohen est très difficile à cerner. Que son programme politique est plutôt ambigu… Ainsi, dès l’éclatement de la guerre du Kippour, en 1973, il décide de rallier Israël pour se battre. Mais l’armée israélienne préfère l’épargner. On l’enrôle dans un groupe de chanteurs dont la mission consiste à remonter le moral des troupes. Un an plus tard, il chantera « Lover, Lover, Lover », un hymne à la paix qu’il dédicace aux combattants des deux côtés, Israéliens et Arabes.
3. Leonard Cohen : The Future (« The Future ») ‐ Columbia
En vérité, il ne croit pas trop en l’avenir de l’espèce humaine. Il chante « The Future », la plage titulaire de son album le plus noir, paru en 1992, en évoquant Hiroshima et Staline, avec ce constat : « I’ve seen the future, brother : it is murder ».
4. Leonard Cohen : Story of Isaac (« Songs from a Room ») ‐ CBS
Vous le savez, Leonard Cohen se réfère souvent à la Bible et aux textes religieux. C’est ce qu’il fait à nouveau avec « Story of Isaac », l’une des chansons qu’il chantera à chacun de ses concerts et qui fait référence à Abraham allant sacrifier son fils à son Dieu, dénonçant ainsi la folie meurtrière qui anime les hommes, particulièrement au Vietnam à l’époque où cette chanson est écrite, en 1969.
5. R.E.M. : First We Take Manhattan (« I’m Your Fan ») ‐ Oscar
Est-ce prophétique, oui, sans doute. L’album « I’m Your Man » en 1988 contient une chanson importante dans le répertoire de Leonard Cohen : « First We Take Manhattan » qui raconte l’histoire d’un terroriste en quête de conquêtes pour des idées religieuses, ceci une dizaine d’années avant l’attentat du 11 septembre. Je vous propose d’en écouter la version que R.E.M. en a faite pour les besoins d’une compilation – tribute : « I’m Your Fan ».
6. Leonard Cohen : The Partisan (« Songs from a Room ») ‐ CBS
On ne pouvait mieux achever ce chapitre « Cohen et la politique » qu’avec une chanson de résistance, « The Partisan », « la complainte du partisan » en français, l’une des rares chansons de son répertoire qu’il n’ait pas écrites lui-même, puisque cette chanson de résistance à l’oppression nazie, on la doit à un certain Emmanuel d’Astier de la Vigerie qui en écrit le texte en 1943 et à Anna Marly qui en a composé la musique.
7. Ensemble Phoenix Munich : Hey, that’s no way to say Goodbye / Adieu mes amours (« A Day with Suzanne – A tribute to Leonard Cohen ») ‐ Deutsche Harmonia Mundi
Une transition si vous le voulez bien, avant que nous nous engagions sur le chapitre dépression qui a meurtri Leonard Cohen une bonne partie de sa vie. Voici en effet une curiosité. Un album « Tribute to Leonard Cohen » paru chez Deutsche Harmonia Mundi il y a deux ans et que l’on doit à l’ensemble Phoenix Munich, emmené par le chanteur / luthiste d’origine new-yorkaise Joel Frederiksen. « A Day With Suzanne » confronte des chansons de Leonard Cohen avec celles de la renaissance française. Exemple : « Hey, That’s No Way to Say Good-bye » en accord avec « Adieu mes amours », une ballade écrite vers le 15ième siècle par un certain Josquin Des Prez.
8. Leonard Cohen : Night Comes on (« Various Positions ») ‐ CBS
La vie de Leonard Cohen a souvent été rythmée au gré de phases de dépression. Son père disparaît alors qu’il a à peine neuf ans. Cela enclenche chez lui un mal-être qui le poursuivra jusqu’à un âge avancé. Ses nombreux déboires amoureux ne l’aident pas, ni le décès de sa mère peu de temps après l’enregistrement du fameux « Death of a Ladie’s Man », un album plus que controversé qui l’a définitivement épuisé. Pour sa mère, il écrit cette chanson poignante, « Night Comes on » qui paraîtra sur l’album « Various Positions » en 1984.
9. Pixies : I Can’t Forget (« I’m Your Fan ») ‐ Oscar
La dépression que Cohen vit le conduit aux excès. Les drogues dans les années 60, puis l’alcool par la suite. Il s’est évidemment calmé lorsqu’il a rejoint le monastère du maître zen Roshi dans les années 90. Mais s’il y a bien une chose qu’il n’a jamais abandonnée, jusqu’à son dernier souffle, c’est la cigarette. Jusqu’à négocier avec Roshi l’autorisation d’en fumer une en prenant son café, avant l’heure indiquée du réveil… Soit à 3h30 du matin… Pour illustrer ces excès, une chanson reprise dans une version pétillante par le groupe de rock alternatif Pixies : « I Can’t Forget ».
10. Leonard Cohen : Dress Rehearsal Rag (« Songs of Love and Hate ») ‐ CBS
Au plus profond de la crise de dépression avec laquelle il se débat, Leonard Cohen pense au suicide. Il y fait clairement allusion dans une chanson, « Dress Rehearsal Rag », parue en 1971 sur l’album « Songs of Love and Hate ». Ce qui le sauve ? Son éducation religieuse qui ne l’autorise pas à passer à l’acte… Cette dépression dont il souffre finira par le quitter au début des années 2000.
11. Leonard Cohen : You Want it Darker (« You Want it Darker ») ‐ Columbia
Un peu à l’instar de David Bowie avec « Black Star », Leonard Cohen nous quitte sur une magnifique note. Cet album a pour nom « You Want it Darker », son quatorzième « studio » en près de cinquante ans de carrière. On pense à Bowie puisqu’il décède lui aussi très peu de temps après la sortie de ce disque, soit un mois pour être précis. Mais malgré cette phrase au sens mystérieux qu’il prononce plusieurs fois dans la chanson éponyme « I’m ready My Lord », tout indique que la mort de Leonard Cohen, le 7 novembre 2016, était tout à fait imprévue…
Nous voici arrivés au bout de ce feuilleton « Leonard Cohen » dont vous trouverez pour rappel les deux premiers épisodes sur JazzMania (Épisode #1 ‐ Épisode #2).
Intervalles sur Equinoxe FM
Chaque mardi à 22 heures (rediffusion le jeudi, 22 heures)