Roberto Negro Ensemble Intercontemporain : Newborn
Parco della Musica Records / Xango Music Distribution
Roberto Negro est un pianiste italien, mais qui vit en France depuis son adolescence. Ces dernières années, il est à l’origine, en tant que leader ou co-leader, de nombreux projets parmi les plus intéressants et novateurs du jazz français. Citons, entre autres, « DaDaDa-Saison 3 » (Victoire du Jazz 2018), « Papier Ciseau » que je considère toujours comme l’album le plus inventif de l’année 2020 ou encore « Les Métanuits » où, avec son complice Emile Parisien, il propose une relecture improvisée des « Métamorphoses Nocturnes » de György Ligeti. Par ailleurs, il a également composé à plusieurs reprises pour des œuvres théâtrales. Dans ce parcours assez singulier, Negro avait déjà composé pour des ensembles plus importants, dans des schémas plus proches de la musique contemporaine que du jazz. Avec ce « Newborn », le pianiste passe à la vitesse supérieure en s’associant avec l’Ensemble Intercontemporain ou l’EIC, une institution reconnue mondialement (ensemble de quelque 25 musiciens fondé par Pierre Boulez en 1976 spécialisé dans l’interprétation et la création d’œuvres modernes. C’est ainsi que des créations d’artistes aussi renommés que Philip Glass, Olivier Messiaen, Steve Reich, Iannis Xenakis ou encore Frank Zappa ont vu le jour, grâce à leur association avec l’Ensemble Intercontemporain). A l’origine de cette collaboration, il y a un trio formé par Roberto Negro fin 2019 avec le fidèle batteur Michele Rabbia et le contrebassiste Nicolas Crosse, par ailleurs membre de l’EIC. Ce trio donna quelques concerts début 2020 avant une certaine pandémie. Les contacts continus entre Negro et Crosse finirent par aboutir à cette envie un peu folle d’un projet pour trio jazz (Negro, Rabbia se contentant de percussions acoustiques et d’effets électroniques et Crosse) et ensemble, soit huit musiciens de l’EIC (une harpiste, une flûtiste, un clarinettiste, deux trompettistes, une violoncelliste, un corniste et un percussionniste).
Bien sûr, il s’agit d’une œuvre très écrite où l’improvisation est pratiquement absente. Bien sûr, il ne s’agit pas de jazz, mais de huit compositions (l’ouverture « Newborn i » de 16 minutes + 7 autres compositions pour un total de quelque 40 minutes. Toutes sont écrites par Roberto Negro) assez hybrides, difficiles à définir pour un amateur de jazz. Ce n’est certainement pas le disque que je préfère de Roberto Negro, mais il faut admirer sa capacité à écrire des choses très différentes, ce qui en fait un des artistes contemporains les plus fascinants.