Natsuki Tamura – Satoko Fujii : Aloft
Natsuki Tamura et Satoko Fujii, c’est une vieille complicité. Couple marié au civil, la paire nipponne entretient d’intenses affinités musicales sélectives. Depuis des années, ils ne cessent d’œuvrer régulièrement ensemble. Parfois, ils convient l’un ou l’autre à se joindre à eux (Elliott Sharp, Ikue Mori, Ramon Lopez…) quand ils ne jouent pas au sein du combo Kaze avec le batteur Peter Orins. Au milieu des années 90, ils ont également fondé leur propre label, Libra Records, sur lequel paraît ce nouvel album, leur neuvième en duo. « Migration », la pièce d’ouverture, donne le ton. Le souffle de Natsuki vient se lover dans les sillages creusés par les notes éparses du piano de Satoko. Les plages qui suivent mettent davantage encore en relief cette manière de jouer fondée sur une complicité, sur un respect mutuel qui ressort, transpire tout au long du disque. Tamura est tout simplement épatant dans sa manière d’aller fouiller l’organe de son instrument et d’en faire jaillir d’inouïes exhalaisons. Fujii fait montre d’un jeu à la fois complexe mais limpide, presque cristallin à certains endroits. Et l’auditeur d’éprouver cette sensation précieuse que l’on a affaire ici à la convergence d’une rare intensité qui trouve peut-être, sans doute, ses racines dans… l’amour. On devine qu’il est question d’oiseaux, de leurs vols et envols, de leurs migrations, de leur hivernage, de l’aube qui les voit quitter la grève d’une mer rendue trop fraîche par la nuit… Musicalement, c’est la recherche d’un équilibre qui est à l’œuvre. Une balance entre improvisation et structure, entre la tempérance et la fugue. « Aloft » est assurément un des plus beaux disques de cette rentrée 2024 qui nous a été donnés à écouter.
Satoko Fujii Quartet en concert au Nona (avec Luft) le samedi 28 septembre.