Le Mirifique Orchestra d’Alban Darche et Emmanuel Bénèche : Verdi Remix

Le Mirifique Orchestra d’Alban Darche et Emmanuel Bénèche : Verdi Remix

Pépin&Plume / L’Autre Distribution

Après « Les Tableaux » librement inspiré par Moussorgsky et les deux savoureux volumes « Oh ! My Love » et « Oh ! My Love Again », Le Mirifique Orchestra nous emmène à l’opéra avec une relecture pétillante et jouissive de quelques « best of » de Giuseppe Verdi ! Avec leur nonet façon fanfare ou harmonie de kiosque, Alban Darche et Emmanuel Bénèche revisitent les grands thèmes du compositeur parmesan, et comme le fromage du même nom, le remix apporte une dose de piquant, de saveur et d’élégance décalée. Un sax, deux cors, une flûte, une clarinette, une trompette, un tuba, une rythmique réduite à la guitare électrique et une batterie, ce petit orchestre de chambre brille de toutes les couleurs de l’œuvre de Verdi. Pas d’arrangements trop alambiqués, on reconnaît illico les grands succès de Verdi. Allons-y d’entrée avec le « Dies Irae » du Requiem qui s’envole sur une flûte virevoltante et une orchestration foisonnante avant le temps suspendu d’un solo de sax en duo avec la batterie, un Verdi pas rabougri pour un sou. « La Valse » et « Di quella pira » résonnent comme de douces mélodies de village italien en pleine fête locale. « Pieta , rispetto, amore », petite respiration avant un bref coup de folie d’Alban Darche et on repart avec les « choses sérieuses » et Il Trovatore. « Variations sur la marche triomphale d’Aïda » laisse un peu de côté son versant martial pour laisser la douceur des flûte et clarinette prendre le dessus. Les frontières entre les genres sont allègrement et joyeusement franchies, on reconnaît parfois les mélodies (faut pas être féru de classique pour y arriver !), on craque sur « Il mistero » chanté par l’alto et accompagné par la guitare, « La Forza del Destino » se prête à merveille à des variations où toute l’instrumentation de l’orchestre est mise en valeur. Alban Darche y va d’un succulent « Verdi à Plovdiv » au tempo léger (l’unique référence à Verdi que j’aie trouvé à Plovdiv, est celle d’une « pizza Verdi », spécialité d’un resto local !), puis sur « Les Ménestrels », Alban fait du Verdi à la Darche, pour le plaisir, le sien, mais aussi pour celui de l’auditeur ravi par tant d’imagination. Comme le dit si bien Darche, « Avec ce programme, je continue à creuser mon sillon de compositeur affranchi d’étiquettes, qui alterne et allie relectures et création ex nihilo. » Un disque savoureux de bout en bout.

Jean-Pierre Goffin