Matthew Burtner : Profiled from Atmospheres
Natif de l’Alaska et y ayant grandi, il était normal que Matthew Burtner s’intéresse à la neige et à la glace. Non comme objets à vocation ludique mais comme sources d’inspiration sonore. Ses albums « Icefield » et « Glacier Music : Ecoacoustics Of Glaciers » relatent cette démarche très particulière. Ce ne sont pas les seuls éléments naturels auxquels il tendra l’oreille, le vent et la lave en sont d’autres. Parallèlement, il complétera une formation académique musicale qui se prolongera à l’université de Stanford et à l’IRCAM à Paris. Ce disque constitue un bon moyen d’aborder son travail. Il compile des pièces récentes et d’autres plus anciennes qui forment la charpente d’un travail en constante évolution et documentent plusieurs de ses collaborations. En ouverture, on y retrouve « Piece for a Northern Sky » axée sur les déclinaisons rythmiques de son vibraphone et spécialement composée pour la danse. Plus loin, sur « Wind Rose », c’est à nouveau son travail avec la chorégraphe Jody Sperling qui est mis en exergue. Ici, chaque mouvement corporel individuel des différentes danseuses se trouve amplifié, participant ainsi au corpus sonore qui utilise également le vent de Manhattan. « Arbor », sa composition la plus récente, déclinée en cinq mouvements, est de nature plus classique, mettant en scène un quatuor à cordes mais recourant, par le biais d’enregistrements de terrain, aux structures « éco acoustiques » d’ormes qui sont véritablement auscultés à l’intérieur de leur tronc et dans leurs racines. « Nocturne (Moth Music) », réalisée il y a une douzaine d’années déjà, s’affiche sans doute comme la pièce la plus singulière de l’album. Elle rend hommage aux mites, insectes dont le rôle pollinisateur demeure méconnu et qui utilisent un système d’écoute précieux pour détecter l’écholocalisation des signaux de leur prédateur, les chauves-souris. Nous sommes là dans de l’infiniment petit sonore dont l’approche requiert, vous vous en doutez, une écoute vigilante…