Keith Jarrett / Gary Peacock / Paul Motian : The Old Country – More from the Deer Head Inn

Keith Jarrett / Gary Peacock / Paul Motian : The Old Country – More from the Deer Head Inn

ECM / Outhere

Encore Keith Jarrett, direz-vous, il y a de l’abus ! Mais quand donc Manfred Eicher arrêtera-t-il de tirer sur la ficelle ? Et puis d’ailleurs, est-ce vraiment le pianiste ou, à l’instar du génial faussaire des Vermeer, un imitateur doué, voire, sait-on jamais l’AI ? Le « Deer Head Inn », dans un petit bled dans les Poconos Mountains, comme nous l’explique Keith Jarrett, est un lieu symbolique pour lui, quasiment là où il a commencé à jouer du piano en public, des marimbas d’abord, la batterie et la guitare aussi. Du coup, en 1994, trente ans après ses premières notes dans « l’auberge à la tête de cerf », il y revient en trio : pas de Jack DeJohnette cette fois, mais Paul Motian avec lequel il n’avait plus joué depuis son American Quartet. De son côté, Motian à l’époque se régalait aux côtés de Bill Frisell et Joe Lovano dans un aventureux trio qui, lui aussi, s’abreuvait de vieux standards. Voici donc « More from the Deer Head Inn » après un premier volume déjà sorti il y a belle lurette… Et croyez-moi, il ne s’agit pas d’une resucée sans intérêt : il s’agirait même d’un des meilleurs live en trio du pianiste. Poussé par l’Histoire du lieu pour lui, par l’intimité, la proximité du public dans une véritable ambiance « club » comme Jarrett ne l’avait sans doute plus vécue depuis longtemps (il la retrouvera deux ans plus tard avec les fantastiques « Complete Recordings at the Blue Note », autre bijou de la période en trio.) Et puis, il y a Paul Motian, le partenaire de la période Impulse qu’il retrouve ici pour une séance de télépathie assistée par l’inséparable Gary Peacock. Rien que des standards, huit en tout, dont on ne se lasse pas tant la réinvention, la surprise est au coin de chaque relance du pianiste, de l’à-propos de Peacock, du soutien de Motian : « Someday My Prince Will Come » et « Straight No Chaser » brillent d’invention et de spontanéité, mais tout l’album est du même tonneau.

Jean-Pierre Goffin