Daniel García Trio : Wonderland
Les Flocons d’hiver
Chroniques inédites ou les disques qui ne pouvaient pas passer à la trappe
ACT Music / New Arts International
Mine de rien, le label munichois ACT est devenu une pépinière de talentueux pianistes européens : après la disparition d’Esbjörn Svensson, ce sont Yaron Herman, Michael Wollny, Iiro Rantala … et Daniel García qui ont bousculé les codes et renouvelé l’approche de l’instrument. « Wonderland » est le troisième disque sur ACT du pianiste originaire de Salamanca qui, depuis sept années, joue en trio avec deux musiciens cubains expatriés en Espagne : le bassiste Reinier « El Negron » et le batteur Michael Olivera. Cette fois, l’influence du flamenco et des musiques espagnoles a largement été atténuée au profit d’une approche plus internationale et d’autres sensibilités, qu’elles soient d’origine nord-américaine, latine, classique ou même pop. Du coup, son disque est extrêmement varié, teinté de couleurs parfois lumineuses et parfois sombres.
Après « Paz », une courte mélodie romantique à faire pâmer Robert Schumann, le trio ouvre toutes grandes « Les portes du pays des merveilles », un morceau énergique scandé par un ostinato de piano sur lequel le leader rebondit en inventant des phrases souples et rapides. Le titre éponyme qui suit bénéficie de la présence du guitariste d’origine israélienne Gilad Hekselman qui, après avoir joué le thème à l’unisson avec le pianiste, s’extrait de la gravité grâce à un de ces soli aériens dont il garde le secret. Quatre des douze pièces sont ornées de voix (dont celle du leader lui-même sur l’une d’entre elles). Sur « You and Me », la contribution de l’artiste catalane Lau Noah est particulièrement émouvante dans son invitation à la danse pour conjurer la douleur. L’album se referme dans un accès de lyrisme avec « The Path of Life », son ostinato envoûtant et sa mélopée évanescente qui s’éteint sur des notes de piano tombant en gouttes de pluie. Se conformant au conseil donné à Alice dans le film de Tim Burton, Daniel García s’est entouré de gens qui lui ont fait sourire le cœur, c’est pourquoi il a trouvé son « Wonderland ».