
Nik Bärtsch’s Ronin : Spin
Ronin Rhythm Records / New Arts International
En matière de virtuoses du jazz au piano, on cite bien souvent les géants (déchus) Chick Corea et Keith Jarrett. Petite parenthèse : ces deux-là seront interprétés par la pianiste Maki Namekawa – elle aussi une virtuose – à l’OPRL de Liège le dimanche 9 février. Pour les avoir vus lors d’une prestation en solo, j’ajouterai à la short list un Alex Koo (bientôt un nouvel album à découvrir à Flagey le 7 février), un Fred Hersch ou encore… Nik Bärtsch, qui accumule les « modules » sous différentes configurations. Où en étions-nous restés ? A un album solo, « Entendre », conçu comme bien d’autres « solos » en période de confinement. Dans une interview qu’il avait accordée à JazzMania, le pianiste suisse affirmait : « Il m’a semblé évident que je devais cesser de jouer avec tout le monde, développer quelque chose de profondément personnel. » Une crise d’introversion ? De courte durée alors, car le voici revenu avec son groupe Ronin (son groupe de « Zen Funk » comme il aime à le dire) qui a cependant connu de petits changements. Son incontournable batteur Kaspar Rast demeure en place, depuis les débuts de Ronin, de même que le saxophoniste / clarinettiste Sha (présent dans la formation depuis vingt ans), tandis que Jeremias Keller s’occupe de la basse électrique à la place de Thomy Jordi. Dans les notes que vous pourrez lire dans le livret qui accompagne le CD, Bärtsch indique que l’album a été entièrement réalisé sous « human intelligence » et conçu en circuit court… Nous voici prévenus quant à l’état d’esprit qui a prévalu. On y retrouve cinq titres de longueurs respectables, de neuf à quatorze minutes, des « modul » dont la numérotation défie les lois de la chronologie et dont le pianiste seul connaît sans doute le mode d’emploi. Rien de grave à ce niveau. C’est bien la musique qui compte et non le titre qu’on veut bien lui donner. Si Ronin nous agrippe à la gorge d’entrée (« Modul 66 ») avec un jazz-rock sous pression, nous assisterons par la suite à des up & down qui imprimeront des variations de tension régulières. Compte tenu de la longueur de chaque morceau, l’auditeur ne pourra échapper à une mise sous hypnose contrôlée par leur compositeur. La musique entre par moment en nous comme un clou frappé à un rythme constant, celui de nos pulsions cardiaques. Sans devoir nécessairement forcer son talent, mais en soignant les arrangements musicaux et le choix des intervenants (quel son !), Nik Bärtsch parvient à captiver celui qui l’écoute. Une fois encore !
Nik Bärstch en concert avec la pianiste grecque Tania Giannouli à Flagey le 15 février dans le cadre des Piano Days.