Joel And The Neverending Sextet : Marbled

Joel And The Neverending Sextet : Marbled

Motvind Records

C’est de Suède et de Norvège que nous viennent ces passionnants défricheurs. Le leader et compositeur Joel Ring joue du violoncelle, fait assez rare que pour être mentionné pour un « meneur ». A ses côtés officient un saxophoniste ténor / clarinettiste, un pianiste qui joue aussi de l’harmonium, une joueuse de tuba – une tubiste ne semble pas exister en français ! – et dernière singularité, mais d’une importance capitale : deux batteurs ! Le groupe nous propose un jazz d’avant-garde inspiré, selon Joel, par les musiques d’Henry Threadgill, d’Andrew Hill ou d’Abdul Wadud. Une musique assez rugueuse et énergique, mais qui sait aussi se faire joyeuse et intrépide. Elle déroule un free jazz assez chaleureux, mais le côté remuant prodigué par d’efficaces rythmiques (deux batteurs quand même) semble arrondir les choses. Les cuivres sont souvent mis en évidence et le soutien des autres comparses donne à l’ensemble une forme élégante. Mais toujours avec son lot de saccades. Au fil des écoutes, ce qui semblait assez décousu, perturbant, nous happe, et finalement nous réalisons que tout ceci est bien régi, bien pensé. Et définitivement peu, voire pas improvisé. Ces six musiciens savent aussi pulser avec élégance, comme sur « Weave », titre où les batteries et le piano impriment un rythme très rapide sur lequel se posent les souffles des cuivres. Des souffles bruyants, secs. Comme sur l’entièreté de l’album, exception faite de « Sunny Lake Placid blue » qui clôt le tout de manière un peu plus conventionnelle, plus accessible pour certains, mais toujours propulsée par cette efficace rythmique, munie d’un brin de folie et surtout d’un joli son d’harmonium ! Une superbe et innovante musique et un bel objet, à la très énigmatique pochette, qui n’est disponible que sous la forme d’un vinyle 180 grammes vendu à un prix de départ de douze euros. L’investissement me semble en valoir la peine. Encore une belle découverte scandinave.

Claudy Jalet